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L’OCML Voie Prolétarienne soutient le Parti Communiste du Pérou

Déclaration du Comité Directeur de l’OCML Voie Prolétarienne, Mai 1990

[NdlR : cette déclaration venait en conclusion d’une brochure intitulée « Dix ans de Guerre Populaire au Pérou », Cahier N°8 de La Cause du Communisme]
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En Septembre 1984 paraissait dans notre journal le premier article sur le PCP, « Sentier Lumineux », disions-nous. C’était le début d’une information régulière sur la guérilla au Pérou, et sur la politique du PCP.

Cette information a été marquée à des échéances politiques par de nouveaux positionnements. Nous refusions à la fois le soutien aveugle et idéaliste, qui a tant fait de mal au mouvement révolutionnaire, comme l’absence d’engagement au nom de critiques réelles. Ce soutien de Voie Prolétarienne a été et sera toujours un soutien politique fondé sur des accords principaux avec des orientations politiques en action dans la lutte des classes. Il s’est concrétisé essentiellement à deux moments : mi-85 par la publication dans notre revue théorique d’une analyse détaillée des positions du PCP, concluant sur un soutien critique. En Janvier 86, suite à un meeting public à Paris en soutien à la Guerre Populaire, un article du Comité Directeur critiquait de manière sévère son déroulement, ainsi que l’absence de réponse aux questions importantes que nous avions soulevées.

Aujourd’hui, la Guerre Populaire a dix ans. Nous avons à présent beaucoup plus d’informations, d’ailleurs liées au développement du processus lui-même. Et cet anniversaire est l’occasion de refaire le point politique sur nos accords avec le PCP.

Une fois de plus, faut-il le préciser, il ne s’agit pas d’une position définitive, et nous aurons l’occasion d’y revenir...

Les articles parus dernièrement dans « Partisan » (Avril, et Mai 90), et reproduits dans cette brochure ont situé l’état politique et social actuel du Pérou. La décomposition avance à grands pas et se développe une situation révolutionnaire : la bourgeoisie ne peut plus diriger comme avant (le résultat du premier tour des élections le prouve au pian institutionnel) et les masses ne veulent plus vivre comme avant, en témoigne le développement de la guérilla du PCP, de même d’ailleurs que l’existence des guévaristes du MRTA. Les impérialistes sont inquiets, et leur implication de plus en plus importante. Que ce soit l’intervention US à propos de la drogue, ou celle de la social-démocratie européenne avec les ONG.

Les politiciens bourgeois sont totalement déconsidérés, y compris les opposants réformistes, dont on pourrait croire que c’est pour eux que Lénine a inventé la formule « crétinisme parlementaire » : alors que la crise s’aggrave, les réformistes de la Gauche Unie s’accrochent à l’état bourgeois vacillant.

Seul le Parti Communiste du Pérou propose un avenir différent. En dix ans la guérilla a gagné en force et en étendue, alors même que les tentatives guévaristes avaient tourné court au bout de quelques mois. Par sa lutte, le PCP démarque les camps et ceux qui les occupent. Au Pérou, mais aussi en France : le camp des exploiteurs et celui des exploités.

En France même, la presse bourgeoise parle de plus en plus du « Sentier Lumineux ». Du reportage à sensation publié dans Paris Match, au livre pourri de Labrousse et Hertogue, la délimitation face à ce Parti est de plus en plus importante. On commence même à trouver quelques journalistes qui s’y intéressent et dont le discours est un peu différent.

Très vraisemblablement, plus la guérilla va se développer, plus ce débat va prendre de l’importance et la polémique se durcir. Tous les militants qui se réclament du communisme doivent se préparer à répondre à cette offensive, déjà bien engagée. C’est le sens de ce document, signé du Comité Directeur de Voie Prolétarienne, et rédigé après débat dans l’organisation [1].

CE QUI FONDE NOTRE ACCORD

La première raison de notre soutien est la référence communiste du PCP. En ces périodes où l’on affirme la mort du communisme, l’abandon de tout espoir de libération pour la classe ouvrière et les masses exploitées, il est réconfortant de voir qu’à l’autre bout de la planète des militants ont repris le flambeau de la révolution pour le faire vivre concrètement par la lutte armée et la prise du Pouvoir.

Mais le contenu de notre soutien au PCP ne se réduit pas à reconnaitre que celui-ci appartient au camp des exploités, des révolutionnaires.

1) La reconnaissance du maoïsme comme développement du marxisme.

Le PCP considère le maoïsme comme un saut qualitatif dans le développement du marxisme. VP aussi. Même si son discours ne s’est pas entièrement dégagé du formalisme, le PCP nous parait mettre en œuvre celui-ci de façon créatrice dans la réalité sociale péruvienne. Nous en trouvons la marque dans ses textes d’orientation où il en exprime la nécessité :
« [Lénine] nous a enseigné que [la Révolution] s’exprimait dans des conditions spécifiques, qui, bien que ne niant pas les principes et les lois, étaient de nouvelles situations que le marxisme ne pouvait ignorer sous peine d’exposer la révolution à l’échec. Et que malgré les cris des intellectuels gonflés de libéralisme et faussement marxistes, pédants et livresques face au nouveau, la seule chose juste et correcte était d’appliquer le marxisme à la réalité concrète et de résoudre les situations nouvelles et les problèmes que toute révolution affronte et résout nécessairement ».

Mais on en trouve aussi la preuve dans la capacité du parti à enrichir ses positions politiques dans le cours de la lutte des classes (voir les documents de cette brochure) et à tirer parti de la réalité sociale péruvienne pour développer avec succès la guerre populaire.

Mais lorsque le PCP se réclame du maoïsme, ce n’est pas seulement pour son sens tactique. C’est qu’il en partage les orientations de fond. Nous en noterons trois qui nous semblent décisives pour se délimiter de toutes les orientations réformistes conduisant la révolution à l’impasse :

La critique du développement socialiste en URSS, et le premier bilan qu’en a fait Mao Tsé Toung et la Révolution Chinoise.
Le PCP rejette la théorie des « Forces Productives » comme révisionnistes et comme l’un des facteurs de dégénérescence de l’URSS. Il reconnaît à Mao Tsé-Toung le mérite d’avoir « appliqué la dialectique pour analyser la relation base/superstructure, et poursuivant la lutte du marxisme-léninisme contre la thèse révisionniste des « forces productives », il a conclu que la superstructure, la conscience peut modifier la base et avec le pouvoir peut développer les forces productives. (…) Ce qui conduit à une véritable direction de l’économie politique et non pas à une simple politique économique (…) ».

Autrement dit, pour le PCP, c’est la politique qui commande à l’économie et non l’inverse, et l’on rejette toutes les conceptions où la politique s’aligne sur « les nécessités » économiques apparemment immuables... et bourgeoises ! Le texte poursuit :
« Mais le principal est que le Président Mao Tsé-Toung a développé l’économie politique du socialisme. Sa critique de la construction du socialisme en URSS est de la plus haute importance ; de même que sa thèse sur comment développer le socialisme en Chine ». (...)
« Pourtant, malgré son importance fondamentale-, on traite peu de ce développement de l’économie politique marxiste ». (...)

Nous considérons ces éléments d’orientation comme des délimitations essentielles entre le marxisme et les diverses variantes de réformisme et de révisionnisme. En cela l’orientation du PCP est juste. Bien que formulée en termes généraux, elle débouche sur une appréciation correcte des pseudos pays socialistes de l’Est (y compris l’URSS et la Chine aujourd’hui) que le PCP considère comme capitalistes.

La deuxième concerne la défense de la Révolution Culturelle en Chine. Comme conséquence de sa vision du socialisme, le PCP, comme nous, considère la révolution culturelle comme une rupture politique et pratique avec les conceptions jusqu’alors dominantes dans le mouvement communiste sur la nature de la transition.
« La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne est le développement du marxisme-léninisme essentiel du Président Mao Tsé Toung d’un point de vue historique. C’est la solution du grand problème non résolu de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat » (...).
« La restauration du capitalisme en Chine, après le coup contre révolutionnaire de 1976, n’est pas la négation de la GRCP, mais pleinement partie de la lutte entre restauration et contre restauration et, au contraire, nous montre l’importance fondamentale qu’a la GRCP dans la marche inexorable de l’humanité au communisme ». (...)

La Révolution Culturelle est une référence importante pour notre organisation, et à notre avis c’est la seule manière de voir l’avenir du socialisme ; la seule manière de tenter d’empêcher la restauration du capitalisme, suivant un processus qu’on a pu voir dans les pays de l’Est. Le bilan politique de la Révolution Culturelle et finalement de son échec reste à faire, pour les communistes péruviens comme pour nous-mêmes. Comme la Commune de Paris ou la Révolution Bolchevique, elle est un jalon essentiel de l’histoire du prolétariat mondial, dont nous devons tirer tous les enseignements pour notre combat, dans les succès comme dans les échecs.

Enfin, la conception des étapes de la Révolution et des liens entre elles. Le PCP reprend la conception marxiste et léniniste de la révolution ininterrompue et par étapes. C’est à dire que si les étapes sont indispensables, compte tenu de l’état de développement des forces productives, en particulier dans les pays dominés, chaque étape prépare la suivante dans le même mouvement général de la marche au communisme.

« Le Parti Communiste du Pérou a comme but final le communisme ; pour cette raison, étant donné que la société péruvienne actuelle est opprimée et exploitée par l’impérialisme, par le capitalisme bureaucratique et la semi-féodalité, la révolution passe d’abord par une première étape démocratique, puis par une deuxième socialiste, pour ultérieurement développer des révolutions culturelles successives. Pour le moment, avec la guerre populaire, le Parti développe la révolution démocratique avec le but immédiat de l’achever par la conquête du Pouvoir dans tout le pays ; » (...).
"Finalement, il faut faire ressortir que la Démocratie Nouvelle, bien qu’elle accomplisse principalement les tâches démocratiques comme révolution démocratique, avance aussi en complément quelques tâches socialistes ; de cette manière on résout au fond la question des deux étapes, démocratique et socialiste, qui correspond à des pays comme le nôtre, en garantissant, une fois la démocratie achevée, la poursuite de la révolution comme révolution socialiste sans aucun intermède, de manière ininterrompue ». (...)

Pourquoi insistons-nous sur cette conception de la révolution ? C’est que c’est en cela que se démarque la révolution démocratique dirigée par la bourgeoisie (qui cherche à consolider son pouvoir, à arrêter la révolution) et la révolution démocratique dirigée par le prolétariat qui au contraire l’inscrit dans une perspective historique, et donc mène la lutte politique et idéologique permanente contre les tendances bourgeoises à la conciliation, au renforcement du pouvoir des élites contre celui des masses, à mettre au premier plan les règles économiques contre la mobilisation politique, à renforcer l’individua­lisme contre le collectivisme etc.

Sitôt le pouvoir pris s’amorce l’étape suivante, socialiste, alors même que les tâches démocratiques et anti-impérialistes sont encore inachevées, justement pour renforcer le rôle et la place du prolétariat dans la société : ce qui signifie socialisation et début de transformation des rapports de production.

Voilà, selon nous, trois éléments essentiels justifiant un soutien au PCP. En ces époques où le capitalisme d’Etat s’effondre à l’Est, un tel un programme permet de voir l’avenir avec optimisme.

2) Nous soutenons une Révolution démocratique

Dans l’étude sur les positions du PCP que nous avions faite en 1985, nous nous interrogions sur l’étape de la Révolution au Pérou. Notant l’importance de l’urbanisation d’une part, du développement industriel d’autre part, nous concluions un peu rapidement sur un pays « semi-capitaliste et semi-colonial ».

Le PCP parle de pays « semi-féodal et semi-colonial », en soulignant l’importance politique et économique du capitalisme bureaucratique qui se développe sur cette base.
« Le capitalisme bureaucratique est le capitalisme créé par l’impérialisme dans les pays attardés, lié à une féodalité qui est dépassée, et soumis à l’impérialisme qui est la phase ultime du capitalisme. Il ne sert pas aux larges masses mais aux impérialistes, à la grande bourgeoisie et aux propriétaires terriens. Déjà Mariategui avait établi par exemple que la création des banques par les bourgeois créait un capital inféodé à l’impérialisme et lié à la féodalité ; le président Gonzalo a établi magistralement que le capitalisme qui se développe au Pérou est un capitalisme bureaucratique entravé par les fers subsistants de la semi-féodalité, et d’un autre côté soumis à l’impérialisme qui ne lui permet pas de développer l’économie nationale, c ’est à dire, un capitalisme bureaucratique qui opprime et exploite Je prolétariat, le paysan et la petite bourgeoisie, et qui restreint la bourgeoisie moyenne ». (Bases de discussion, documents préparatoires au Congrès du PCP - Décembre 1987)

Au-delà d’une analyse précise du capitalisme bureaucratique et de la société péruvienne, dont nous n’avons peut-être pas tous les éléments, ce sont les conclusions politiques auxquelles aboutit le PCP qui nous paraissent importantes : il rejette la notion de « capitalisme dépendant », avancé par les réformistes, qui sous-entend qu’il suffirait de rompre la dépendance (en changeant les dirigeants par exemple) pour accomplir la révolution démocratique. Ainsi le PCP a été le seul à dénoncer le projet de nationalisations des banques en 1988 en soulignant que c’était une mesure formelle ne changeant rien aux rapports sociaux (un peu comme nous avions dénoncé les nationalisations en 1981 en France). Au contraire, tous les partis réformistes, y compris le MRTA guévariste, ont approuvé le projet du gouvernement Garcia.

Cette position permet de définir l’attitude à adopter à l’égard des diverses fractions bourgeoises. Alors que les réformistes de tous poils sont neutralisés par les discours pseudo-nationalistes des dirigeants de l’Etat, le PCP limite l’alliance à la bourgeoisie nationale opprimée par l’impérialisme ; tout en reconnaissant par ailleurs qu’actuellement cette alliance n’est pas concrétisée compte tenu d’une part de la fragilité et de l’instabilité de cette bourgeoisie, d’autre part du niveau actuel de développement de la révolution (elle serait par exemple considérablement accélérée s’il devait y avoir une intervention militaire US). Alliance instable et fragile comme on l’a dit, et qui cessera lorsque la prise du pouvoir mettra progressivement en avant les tâches socialistes.

L’orientation du PCP nous semble rompre avec les interprétations opportunistes de la révolution démocratique et c’est pourquoi nous le soutenons.

Pour conclure sur cette question, deux éléments supplémentaires : la nécessité du Pouvoir d’Etat d’une part, et d’autre part la construction du Nouveau Pouvoir de la Révolution Démocratique, dans le feu même de la destruction de l’ordre ancien.
« Qu’est-ce qui est fondamental dans le maoïsme ? Le fondamental du maoïsme est le Pouvoir. Le pouvoir pour le prolétariat, le Pouvoir par la dictature du prolétariat, le Pouvoir basé sur une force armée dirigée par le Parti Communiste. Plus explicitement : 1) le Pouvoir sous la direction du prolétariat, dans la révolution démocratique ; 2) le Pouvoir par la dictature du prolétariat, dans les révolutions socialistes et culturelles ; 3) le Pouvoir basé sur une force armée dirigée par le Parti Communiste, conquis et défendu par la guerre populaire ». (...)
« La conquête du Pouvoir dans le pays, aujourd’hui concrétisé dans les Comités Populaires, Bases d’Appui et République Populaire de Démocratie Nouvelle en formation dans la perspective d’établir la République Populaire du Pérou, sert à instaurer la dictature du prolétariat dans notre pays, parce que sans elle on ne peut marcher au communisme ». (...)

Nous partageons ces conceptions qui délimitent à la fois de tous les réformistes qui veulent aménager l’ordre existant sans remettre en cause le pouvoir bourgeois, mais aussi de tous les révisionnistes qui parlent de prise du pouvoir, voire de lutte armée, mais en renvoyant à plus tard la construction de la nouvelle société, aboutissant en fait à la remettre dans les mains d’une petite bourgeoisie, voire d’une bourgeoisie, suivant le processus qu’on a vu à l’œuvre au Nicaragua.

3) Nous soutenons un Parti prolétarien

Nous nous interrogions il y a cinq ans sur la faiblesse du travail ouvrier du PCP. Le fait est qu’après avoir reconnu cette faiblesse (par exemple dans l’interview du Président Gonzalo, en Juillet 1988), l’évolution est considérable depuis deux ans, et le travail politique est organisé et systématisé dans les concentrations ouvrières. « Partisan » a rendu compte de cette implantation (N°41, 44, 50, 51), nous y revenons dans cette brochure par ailleurs.

Le travail de politisation reste à approfondir, car la délimitation avec les réformistes se fait souvent sur les méthodes de lutte (pacifique ou violente, légale ou illégale, auto-organisation ou délégation) ou sur le soutien à la guerre populaire. Nous ne nions évidemment pas l’importance de ces démarcations très importante. Mais l’éducation de la classe ouvrière ne doit pas en rester là, précisément pour lui donner les moyens de jouer son rôle de direction, dans la révolution démocratique comme par la suite. La polémique politique, au fond, est très importante et permet cette éducation. Que ce soit sur l’économisme et le nationalisme, la hiérarchie des salaires, la nature des besoins et de la production (quelle lutte aujourd’hui dans les usines d’armement, comme la SIMA ou INDUMIL...) il y a des tâches de polémique et d’éducation de la classe ouvrière.

Certes le travail ouvrier organisé du PCP est récent, et encore peu systématisé. On voit poindre peut-être les prémices de ce travail dans la polémique contre les réformistes sur l’indexation des salaires. En tous les cas, nous soulignons l’importance de cette question, car c’est à notre avis un des éléments de l’avenir de la révolution qui se joue là. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Mais la présence physique de la classe ouvrière n’est qu’une petite partie des choses. Le sens de notre soutien va à un Parti qui, nous semble-t-il, suit une évolution tout à fait positive. Evolution sans doute issue de la conception même du Parti :
Tout d’abord un Parti étroitement lié aux masses, comme un poisson dans l’eau :
« Quant au Parti, le Président Mao part de la nécessité du Parti Communiste, d’un parti de type nouveau, un parti du prolétariat, aujourd’hui nous dirions un parti marxiste-léniniste-maoïste, un parti dont l’objectif est de conquérir le pouvoir et de le défendre, et pour cela qui est lié étroitement à la guerre populaire, que ce soit pour la débuter, la développer ou la livrer pour se défendre ; un parti soutenu par les masses, soit par la guerre populaire, elle-même qui est guerre de masses, soit par le front unique qui étant un front de classes se base sur les masses majoritaires. »
Un Parti où l’idéologie est au premier plan, pour guider la voie, et en transformation permanente pour s’adapter aux conditions de la lutte les des classes, dans la polémique et la lutte de ligne :
« Le Parti se développe et change selon les étapes de la révolution et les périodes qu’elle parcourt ; le moteur de son développement est la contradiction concrétisée en son sein par la lutte entre deux lignes, entre la ligne prolétarienne et la ligne bourgeoise ou non prolétarienne en général, fondamentalement et principalement une lutte contre le révisionnisme. Cela conduit à l’importance décisive de l’idéologie dans la vie partidaire et au développement de campagnes de rectifications qui servent à une meilleure adéquation de tout le système d’organisations du parti et des militants aux lignes politique et idéologique justes et correctes ».

Un Parti du prolétariat, pour le communisme :
« En fonction de la prédominance de la ligne prolétarienne et du maintien de la direction du parti dans ses mains de fer. Le Parti sert à l’établissement du Pouvoir du Prolétariat, déjà comme classe dirigeante de la Démocratie Nouvelle et principalement à l’instauration de la dictature du prolétariat, son renforcement et développement pour atteindre le but final, le communisme, au travers des révolutions culturelles ; pour cela le Parti doit en arriver à diriger tout dans tous les domaines » (…)

Nous avons noté l’évolution de son orientation politique depuis dix ans, et son enrichissement réel. Cela révèle un travail théorique important, en lien avec l’activité politique et pratique, un Parti vivant et non figé. Le Premier Congrès s’est tenu en 1988 dans la clandestinité et a stimulé un débat important, dans et en dehors du Parti. A ce que nous pouvons savoir, la formation des militants et sympathisants est effectivement au premier plan, et se poursuit à grande échelle dans tout le pays, sous forme d’écoles populaires (qui existent d’ailleurs depuis bien avant le début de la lutte armée), et la lutte idéologique est permanente.

La critique et l’autocritique ne sont pas de vains mots, et nous avons pu le vérifier auprès de sympathisants plus ou moins proches de la guerre populaire. Nous n’avons jamais caché les critiques ou interrogations que nous soulevait l’orientation du PCP, et jamais cela n’a provoqué la rupture de la discussion, pourtant parfois ardue. C’est pour nous un pas en avant par rapport à la pratique désastreuse du mouvement marxiste-léniniste de mettre en avant le consensus et de masquer les contradictions.

4) Nous soutenons la lutte armée du PCP

La lutte armée n’est jamais rejetée, en principe, par tous ceux qui se prétendent révolutionnaires. Reste que lorsqu’elle est posée, en pratique, on ne peut plus se gargariser de mots. La délimitation doit alors se faire concrètement.
Depuis le début, nous avons soutenu la lutte armée, et nous reconnaissons au PCP le rôle historique d’en être l’initiateur au Pérou. Car nous partageons la conception que le PCP en a :
« L’armée révolutionnaire est de type nouveau, il s’agit d’une armée pour l’accomplissement des tâches politiques que le Parti établit en fonction des intérêts du prolétariat et du peuple ; caractère qui se concrétise dans trois tâches : combattre, produire pour ne pas être une charge parasitaire et mobiliser les masses. C’est une armée qui se base sur la construction politique à partir de l’idéologie du prolétariat, du marxisme-léninisme-maoïsme (aujourd’hui) et la ligne politique tant générale que militaire que le parti établi. C’est une armée qui se base sur les hommes et non les armes ; c’est une armée surgie des masses et toujours liée à elles qu’elle sert de tout son cœur, lui permettant de se mouvoir en leur sein comme un poisson dans l’eau. Sans armée populaire, le peuple n’arrivera à rien, dit le Président Mao, en même temps qu’il nous enseigne la nécessité de la direction absolue du Parti sur l’armée et pose son grand principe : le Parti commande au fusil, et jamais nous ne permettrons le contraire ». (…)

C’est un point essentiel, absolument fondamental, qui exige une dure lutte politique et idéologique pour garder le cap pour ne pas se couper des masses. Car au cours de la lutte armée, la tendance militariste est toujours présente, au reflet des conditions objectives de la lutte, sans doute renforcée par les traditions de lutte en Amérique Latine.

Voilà résumé l’essentiel des raisons de notre soutien. Un accord principal avec l’orientation du PCP, correspondant tant à la marche au communisme qu’à la situation actuelle au Pérou. C’est cette analyse qui explique le sens des articles de notre journal, ainsi que l’importance que nous donnons au Dixième Anniversaire de la Guerre Populaire.

Mais accord et soutien ne veulent pas dire suivisme et idéalisme. Nous avons un certain nombre de réserves et critiques, secondaires certes, mais qu’il est nécessaire d’éclaircir maintenant.

NOS RÉSERVES ET CRITIQUES

1) Réformisme et conscience révolutionnaire

En 1985 nous notions que la critique des réformistes était relativement superficielle. Considérés comme des agents du social-impérialisme, la critique allait rarement plus loin que le niveau du « crétinisme parlementaire ».
« En ce qui concerne la dénommée Gauche Unie (…) que] rôle joue-t-elle dans la lutte des classes du pays ? Premièrement c’est la suite des vieilles positions électoralistes, la seule différence étant que maintenant elles sont plus débridées et plus liées au révisionnisme soviétique, ainsi qu’au révisionnisme chinois, au parlementarisme bourgeois endurci, aux positions nationalistes ou de révolutionnaires inconséquents qui prétendent ranger le peuple dans le crétinisme parlementaire, tous incapables de comprendre la nécessité de la violence révolutionnaire et encore moins les formes dans lesquelles elle se concrétise depuis six ardentes années ; ces révisionnistes s ’enfoncent chaque jour davantage dans la défense du vieil ordre, son parlement pourri, ses farces électorales, sa constitution et ses lois et ils vivent en tremblant d’une peur révérencielle face aux Forces Armées et au coup d’Etat, et sont à genoux devant l’Apra, et spécialement devant Garcia Pérez, qu’ils considèrent comme leur palissade protectrice et démocratique ». (Développer la Guerre Populaire pour servir la Révolution Mondiale - Août 86).

Pour ce qui est des appareils réformistes, des partis eux-mêmes, la critique est sans doute juste. Reste que cela n’explique pas leur influence de masse, ainsi qu’à l’Apra d’ailleurs. A aucun moment n’apparait les raisons de leur influence et de leur implantation dans les masses populaires, dont ils dirigent certains secteurs. Comment expliquer qu’à Puno, ou Cajamarca, ils soient capables (temporairement peut-être) d’entraîner une fraction des masses paysannes dans les Rondas Campesinas, contre la guerre populaire ? Comment expliquer la domination réformiste sur la majorité des syndicats ? Quelles sont les racines matérielles de cette domination et par conséquence comment les combattre correctement ?

Le PCP n’aborde jamais dans ses documents la notion du réformisme spontané des masses, correspondant à leur situation objective de classe dominée à partir de laquelle ils cherchent à améliorer leur situation matérielle. Réformisme spontané sur lequel les partis réformistes s’appuient pour développer leur influence. Le PCP voit unilatéralement le caractère révolutionnaire des masses, lié à l’exploitation féroce évidente qu’elles subissent. Mais les choses sont contradictoires, comme l’a montré Mao Tsé-Toung, et l’on ne peut développer correctement une politique révolutionnaire si l’on ne prend pas en compte tous les aspects.

L’enjeu est d’abord la polémique menée par le PCP vis à vis des réformistes qui se situe essentiellement sur le terrain idéologique, et très peu sur le terrain des enjeux politiques (en dehors bien entendu de la guerre populaire !), Elle reste formaliste, dans la mesure où elle ne saisit pas la cause du réformisme spontané répandu dans les masses. Et cela peut conduire à traiter incorrectement les contradictions au sein du peuple. Si l’on considère que les positions erronées sont avant tout idéologiques, sans voir leur base matérielle, tout opposant peut rapidement être traité en ennemi, alors que ses positions peuvent simplement refléter les contradictions concrètes de la situation actuelle.

En lien avec cet aspect, revenons sur le lien entre politique et militaire. La position du PCP est juste et s’applique (à notre connaissance) correctement pour tout ce qui touche à la Terre et au travail en milieu paysan. Un axe politique « La terre à qui la travaille » qui guide une action militaire et la construction du Nouveau Pouvoir, les armes à la main.

Pour ce qui est du travail sur la Côte, et plus spécifiquement à Lima, la situation semble différente. Il y a un net décalage entre le niveau du travail politique (beaucoup plus difficile, il faut le reconnaître) et les actions armées, sabotage économique ou éliminations sélectives. Les explications politique et la propagande apparaissent insuffisantes, relativement à l’ampleur des actions armées, et de larges secteurs du peuple ne comprennent pas la politique du PCP (même si par ailleurs il jouit d’une sympathie certaine). Un journal comme « El Diario », aujourd’hui clandestin, joue ce rôle d’explication et c’est une excellente chose. Mais ce décalage est réel et il est important que le PCP prenne les mesures nécessaires pour le combler.

L’ensemble de nos interrogations sur la conscience révolutionnaire et le réformisme peut peut-être s’expliquer par le développement même de la lutte armée. Elle a débuté dans les campagnes profondes, où le réformisme est peu (voire pas du tout) implanté et où la révolte paysanne ne demandait qu’à éclater après des siècles d’oppression et de massacres. L’orientation alors embryonnaire du PCP sur la question n’était pas une entrave au travail politique.

Aujourd’hui que la guérilla se développe, et que l’influence du PCP s’étend dans les villes, dans la classe ouvrière, cette lacune devient importante. Nous avons confiance dans la capacité du PCP à approfondir ce point et à dégager une tactique appropriée. Mais nous en soulignons l’importance, qui faute d’un traitement correct, entraînerait la révolution à l’échec, en étant incapable de comprendre d’où viennent les positions bourgeoises et comment les combattre.

2) Notre deuxième remarque concernera la faiblesse de la réflexion sur le socialisme.

Nous sommes certes d’accord pour considérer qu’il s’agit d’une deuxième étape de la révolution. Il n’empêche que le PCP lui-même souligne la rapidité du passage d’une étape à l’autre. Si ce passage est rapide, il faut déjà commencer à préparer les conditions subjectives de cette étape. Et nous n’arrivons par exemple pas à savoir quelles sont ces fameuses « quelques tâches socialistes » que la révolution démocratique doit accomplir. Nous sommes complètement d’accord avec la déclaration de principe mais il nous en manque l’illustration. Et comme cette réflexion est absente des documents actuellement disponibles, nous en sommes réduits à cette formule, ainsi qu’aux déclarations sur la théorie des forces productives. Dans le même ordre d’idée, par-delà des références à la révolution culturelle, il nous parait indispensable de tirer les enseignements politiques de son échec. Cela est nécessaire au progrès de la révolution mondiale, et de la révolution péruvienne en particulier. Pourtant nous n’avons pas encore connaissance des leçons tirées par le PCP de cette révolution.

Nous ne pouvons parler de positions erronées, dans la mesure où rien de ce qui est dit ne nous parait faux. Reste que cette faiblesse de la réflexion, si elle n’est pas encore vitale (compte tenu de l’étape démocratique de la révolution), peut le devenir après la prise du pouvoir.

3) Concernant le président Gonzalo, et l’importance donnée à ce dirigeant dans le travail du PCP.

Commençons par donner les positions du PCP :
« Dans son processus de développement, par la lutte du prolétariat comme classe dirigeante, et surtout, du Parti Communiste qui arbore ses intérêts de classe sans jamais y renoncer, toute révolution produit un groupe de chefs et principalement un qui la représente et la dirige, un chef d’autorité et d’ascendance reconnue ; dans notre réalité cela s’est concrétisée par nécessité et hasard historique, dans le Président Gonzalo, chef du Parti et de la révolution.
Mais, en outre, et c’est Je fondement de toute direction, les révolutions produisent une pensée qui les guide, résultat de l’application de la vérité universelle de l’idéologie du prolétariat international aux conditions concrètes de chaque révolution ; pensée guide indispensable pour atteindre la victoire et conquérir le Pouvoir et, plus encore pour continuer la révolution et maintenir toujours le cap vers le seul but grandiose, le communisme ; pensée guide qui, arrivée à un saut qualitatif d’importance décisive pour le processus révolutionnaire qu’elle dirige, s’identifie avec le nom de celui qui la concrétise, théoriquement et pratiquement. Dans notre situation ce phénomène s’est spécifié d’abord comme pensée guide, ensuite comme pensée guide du Président Gonzalo et plus tard, comme pensée Gonzalo ; parce que c’est le Président qui en appliquant de manière créatrice le marxisme-léninisme-maoïsme aux conditions concrètes de la réalité péruvienne, l’a élaboré, dotant ainsi le Parti et la révolution d’une arme indispensable qui est la garantie du triomphe ». (...)

Dans une société de classe, il est inévitable que le mûrissement de la conscience soit inégal. C’est d’ailleurs pour cela que seule une minorité du prolétariat s’organise en parti d’avant-garde, et que même au sein du Parti se dégagent des dirigeants qui expriment le plus clairement les grandes tendances de la société et précisent les buts et orientations du Parti. En ce sens nous concevons que le Président Gonzalo a pu jouer un rôle essentiel dans l’élaboration de la ligne politique du Parti.

Pour les mêmes raisons, il est inévitable que les masses dans le mouvement même de leur lutte cristallisent leurs aspirations dans la personne d’un chef, d’un leader. Mais cette adhésion n’est qu’une expression de leur aliénation.

Le rôle du Parti n’est pas alors de développer avec insistance cette personnalisation ; mais au contraire de montrer que ce sont les masses qui font l’histoire, par leur mouvement et révoltes spontanées, et surtout par l’élévation de leur conscience et de leur capacité de direction.

Les dirigeants communistes doivent pleinement jouer leur rôle de dirigeant, mais dans ce sens : pour réduire la contradiction entre dirigeants et dirigés. Pour une prise en charge croissante du pouvoir par les masses elles-mêmes, dans la lutte politique entre l’ancien et le nouveau pour leur disparition future.

Personnifier de manière exagérée la ligne politique dans un individu revient à dépolitiser les masses. Au Pérou, plus de la moitié des mots d’ordre du PCP portent sur le président Gonzalo. A l’étranger les documents du PCP sont réunis en livre sous le titre « La pensée Gonzalo », ce qui masque le fait qu’il s’agit de textes collectifs du Parti, quel qu’en soit le rédacteur. Nous ne pouvons pas être d’accords avec cette conception de la politique et de la place des hommes dans l’histoire.

4) Concernant le nationalisme et l’internationalisme.

Nous avions déjà noté il y a cinq ans des formulations préoccupantes dans les documents du PCP, sur la défense du sol de la Patrie. On retrouve ce type de formules dans les « Bases de discussion », sur « l’héroïque résistance des masses contre l’envahisseur en défense du peuple et de l’intégrité territoriale » lors de la guerre contre le Chili en 1879, guerre par ailleurs dont il est clairement affirmé qu’elle a mis en jeu impérialistes et propriétaires terriens, n’ayant donc rien de progressiste.

La résistance héroïque des masses en défense de ses intérêts, de la révolution, ou de la guerre populaire, est absolument juste, y compris face à des envahisseurs étrangers (Chili, Equateur). Mais on ne doit absolument pas faire la confusion avec la défense du sol de la Patrie, dont on se demande ce qu’elle a encore de progressiste dans la période actuelle, surtout dans le contexte de l’Amérique Andine.

Le cas de l’éventualité de l’invasion yankee est un cas particulier dans la mesure où son intervention directe permettrait, tactiquement, l’élargissement temporaire des alliances de la Révolution Démocratique, dans le cadre de la contradiction nation-impérialisme. Mais là encore, il nous semble que l’accent principal de la politique à suivre à ce moment serait l’anti-impérialisme, et non le patriotisme.

Le nationalisme et le patriotisme ont fait un mal considérable au mouvement communiste international, entraînant la révolution dans des impasses. Loin de nous l’idée d’affirmer que le PCP est nationaliste, la préoccupation internationaliste s’est même renforcée depuis cinq ans, dans tous les documents.

Cette position ambiguë est peut-être un reste de théorie des Trois Mondes, théorie bourgeoise développée par la Chine dans les années 75. Comment interpréter autrement cette affirmation :
« D’un autre côté, à partir de l’importance historique des nations opprimées et plus encore de leurs perspectives, ainsi que les relations économiques et politiques qu’elles sont en train de développer du fait du processus de décomposition de l’impérialisme, le Président a établi sa thèse de « trois mondes se délimitent ». Toutes choses qui mènent à la nécessité de développer la stratégie et la tactique de la révolution mondiale. Malheureusement nous ne connaissons que peu ou très peu des écrits et positions du Président Mao sur ces questions fondamentales ; pourtant, le peu qui est connu montre les perspectives grandioses qu’il guettait et les grands traits que nous devons suivre pour comprendre et servir la révolution prolétarienne mondiale ». (...)

C’est un peu rapide, et escamote que la Théorie des Trois Mondes a été exposée à l’ONU le 10 Avril 1974, par Teng Siao Ping alors réhabilité, et seulement sept mois après le X° Congrès du PCC ayant consacré la victoire des « Quatre », qui ne se sont jamais démarqués de cette théorie. Tout cela bien entendu du vivant de Mao Tsé-Toung. Il est évidemment difficile de connaître les positions personnelles de Mao Tsé-Toung sur la question. Reste que la théorie des Trois Mondes, développée par le Parti Communiste Chinois existe et que ses conséquences politiques sont bien connues : alliance avec les bourgeoisies des pays dominés, voire même des pays du « second monde », comme la France impérialiste. Le soutien au Shah d’Iran, à Pinochet au Chili, la réception de Nixon à Pékin en pleine agression yankee au Vietnam en sont des illustrations.

Les hésitations sur la Patrie sont sans doute liées aux hésitations sur la théorie des trois mondes. Le PCP ne défend nullement la théorie des trois mondes dans toute son analyse, tant interne qu’internationale. Mais il y a le problème des positions de la Chine du vivant de Mao Tsé-Toung, que le PCP hésite peut-être à affronter. Les communistes n’ont jamais eu peur de la vérité. Et reconnaître que Mao Tsé-Toung a été un grand dirigeant du prolétariat international n’empêche pas de regarder l’expérience chinoise d’un œil critique, ne serait-ce d’ailleurs que pour comprendre son échec.

La Théorie des Trois Mondes doit absolument être complètement rejetée, pour ce qu’elle est : une théorie contre-révolutionnaire mettant la révolution mondiale à la remorque de la bourgeoisie.

5) Enfin, pour conclure l’essentiel de nos remarques et critiques, nous voudrions revenir sur la situation en Europe.

A deux reprises a été développée une analyse erronée :
« La nécessité de voir les contradictions sert à analyser la situation mondiale et à définir sa stratégie et tactique, et en son sein les zones stratégiques et conflictuelles. (... )
Et l’Europe, où se développent des actions armées anti-impérialistes persistantes, rendant nécessaire d’étudier l’idéologie et la politique qui en sont à la base, la classe qu’ils servent, leur lien avec l’idéologie du prolétariat et leur rôle dans la révolution prolétarienne mondiale, ainsi que leur position face au révisionnisme contemporain ; mouvements qui expriment l’existence d’une situation révolutionnaire en développement inégal dans le Vieux Continent »
(Bases de discussion - Décembre 1987)
« Concernant les actions armées en Europe, nous voyons des luttes armées prolongées. Elles sont l’expression d’une réalité objective. En conséquence, le fond n’est pas de les condamner, mais de les comprendre, les étudier, les analyser et de voir comment elles expriment aussi l’existence d’une situation révolutionnaire dans la vieille Europe. En plus, que ce sont des gens qui prennent les armes en sachant que c’est le seul moyen de conquérir le Pouvoir. C’est un coup très dur au révisionnisme ; qu’en Europe même, considérée comme un de ses remparts, le révisionnisme commence à être abandonné, quel que soit le degré atteint et les problèmes pendants. C’est sans conteste une avancée importante ». (...) Interview du Président Gonzalo - Juillet 1988

Nous sommes en désaccord avec cette analyse. Certes, ces actions armées sont l’expression d’une réalité objective, et il ne s’agit nullement de hurler au terrorisme. Mais il n’existe pas une situation révolutionnaire en Europe, même en développement. Il y a une crise économique, sociale et politique, certes, mais qui n’a pas débouché sur une situation révolutionnaire. Sinon, toute situation serait révolutionnaire, puisque par définition le capitalisme est instable et poursuit un cycle infernal de crise/restructurations/expansion. S’il y a crise de l’appareil politique bourgeois, il n’y a pas crise de la bourgeoisie, dont la domination n’est pas contestée. Ces actions armées reflètent au contraire le désarroi de la petite-bourgeoisie incapable d’accepter la dure situation d’un mouvement ouvrier en recul politique et idéologique, sinon social. Et donc incapable de prendre en main le lent travail de politisation et d’organisation nécessaire aujourd’hui à la classe ouvrière.

Ces actions ne sont pas des durs coups au révisionnisme (affirmer cela montre encore les limites dans l’analyse du réformisme, c’est privilégier le fusil sur la politique). Certes, elles ont rompu avec le légalisme ambiant, et c’est une bonne chose. Mais ces organisations armées n’ont pas rompu avec le révisionnisme. L’URSS reste un pays socialiste pour la plupart d’entre elles, du PCE(r) aux Brigades Rouges, en passant par Action Directe et la RAF. Elles auraient voulu entraîner le mouvement ouvrier vers une forme de révisionnisme armé sans issue.

Il n’est pas possible de développer ici une analyse de ces courants militaristes en Europe. Mais prétendre qu’ils relèvent de l’existence d’une situation révolutionnaire montrent à notre avis une méconnaissance importante de la situation réelle en Europe, et sans doute une surestimation des facteurs révolutionnaires dans l’analyse de la situation mondiale. Surestimation qui peut conduire à une erreur d’appréciation sur le soutien actuel et futur que le PCP peut trouver, particulièrement dans les pays impérialistes.

CONCLUSION

Nous avons abordé dans ce document les points les plus importants, selon nous, de l’orientation du PCP à l’heure actuelle. Ils justifient un soutien politique les aspects positifs l’emportant largement sur les réserves et critiques que nous sommes amenés à relever.

Comment apprécier l’évolution depuis cinq ans ? Pour reprendre une formule qui a fait fortune, « globalement positive ». Evolution politique et pratique, essentiellement dans le développement du travail ouvrier, la mise en place du Nouveau Pouvoir à la campagne et la vérification d’un Parti vivant et dynamique, sachant s’adapter à l’évolution, enrichir son orientation, suivant une ligne politique correcte.

Nous poursuivrons notre travail de soutien et d’information, nous poursuivrons notre polémique pour l’unité des communistes dans le monde. Et quand nécessaire, nous reviendrons sur l’orientation du PCP, pour à nouveau faire le point de ce soutien. Pour l’instant, face aux attaques de la bourgeoisie internationale, et sur la base de cette analyse, nous invitons tous les camarades, communistes, révolutionnaires et progressistes à soutenir la Guerre Populaire du Parti Communiste du Pérou.

Le Comité directeur de Voie Prolétarienne, Mai 1990

[1Ce document est illustré de citations extraites [sauf avis contraire] des seuls textes issus du Congrès du PCP de 1988 disponibles, intitulés "Documents Fondamentaux" et qui traitent essentiellement du maoïsme, et du programme du PCP. Pour ce qui est des positions plus politiques, l’analyse de l’Apra, des réformistes, de l’Etat de la Guerre Populaire, du résultat des élections de 85, de la répression, nous renvoyons au document "Développer la Guerre Populaire pour servir la révolution mondiale" d’Août 1986.

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