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La solidarité se construit contre l’impérialisme

Partisan N°210 - Février 2007

En janvier, s’est tenue à Paris, sur l’initiative de Jacques Chirac, une conférence internationale sur le Liban, dite « Paris 3 ». Alors que le 23 janvier, l’opposition libanaise appelait à une grève générale, cette conférence organisait le soutien au gouvernement libanais. La conférence a eu lieu en présence de la secrétaire d’état américaine Condolezza Rice, du chef de la diplomatie européenne, du président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz. La partie américaine a déclaré qu’ « il était très important que cette conférence se tienne à ce moment ». Pourquoi les principaux pays impérialistes volent-ils ainsi au secours du gouvernement libanais ?

Les 7 milliards d’Euros d’aide ne témoignent pas comme le dit Chirac « de l’amitié profonde, de la solidarité et de la confiance qui unissent la France au Liban et à tous les Libanais ». Ils témoignent des intérêts qu’ont la France et les USA dans la région. La conférence n’a nullement exigé d’Israël la réparation des destructions commises lors de l’agression meurtrière et dévastatrice contre le peuple libanais de cet été. Non ! Les puissances impérialistes, soutenues par les régimes arabes les plus réactionnaires, entendent désarmer et isoler la résistance du peuple libanais. Elle a combattu efficacement Israël et s’oppose aujourd’hui au gouvernement libanais.

L’indépendance de la diplomatie française vis à vis des USA ne fait maintenant plus illusion, après l’opposition, molle, à l’agression contre l’Irak. Tant au Liban, que vis à vis d’Israël et de la lutte du peuple palestinien, la bourgeoisie française partage des objectifs convergents avec ceux des USA. Comme les USA, elle a pris le parti de l’Autorité palestinienne, et du Fatah contre le Hamas, en imposant le blocus économique des territoires occupés en 1967. Comme les USA, elle veut faire tomber le Hamas. Même si le gouvernement français n’arme pas directement le Fatah comme les USA. Les bourgeoisies françaises et américaines soutiennent inconditionnellement Israël. Les deux principaux candidats présidents de la bourgeoisie française, Sarkozy et Royal, ne se distinguent en rien sur ces questions. Ségolène Royal, de passage à Jérusalem, a justifié la construction du mur.

Les enjeux de cette conférence dépassent le seul Liban. Depuis 2001, toutes les initiatives prises par les impérialistes au Proche Orient se sont toutes soldées par des échecs et par l’enlisement. Enlisement des USA et des Européens en Afghanistan, dans le soutien à un gouvernement dont l’autorité ne dépasse pas Kaboul. Enlisement en Irak des USA, où l’armée américaine est contrainte à une fuite en avant dans une politique vouée à l’échec. Politique de plus en plus impopulaire aux USA. Echec de l’intervention d’Israël contre la résistance libanaise, malgré le soutien des USA et de la France. Alors, les impérialistes ne veulent pas que leur allié libanais ne soit balayé par une opposition résolue et opposée au compromis avec Israël. Il reste, avec Israël, leur dernier appui sûr dans la région.

- Trois conclusions de la situation
La première est que l’usage de la force militaire la plus impressionnante, s’il fait dégâts et victimes, ne peut venir à bout de la résistance des peuples. Il ne peut obtenir qu’ils se plient à une volonté qui leur est imposé par l’étranger.
La deuxième est que l’impérialisme américain est aujourd’hui la principale menace pour la paix du monde et pour la sécurité des peuples. Il est impuissant à imposer un ordre conforme à ses intérêts et à ceux du capitalisme mondial. Conscient que tout recul peut décupler les résistances, il est porté à la fuite en avant, et à de nouvelles agressions. Il mobilise de plus en plus de soldats dans la région. Il menace les voisins de l’Irak, dont il a aggravé la crise intérieure en dressant les uns contre les autres les Irakiens. Le désordre mondial, qu’il dit vouloir combattre, n’en est que plus grand.
La troisième est que si les peuples résistent avec détermination, ils le font encore souvent sous les bannières de force rétrogrades, voire réactionnaires. Combien seraient plus forte leurs résistances et leurs capacités de mobiliser en soutien à leurs combats tous les autres exploités, s’ils étaient dirigés par des forces progressistes. Par des forces porteuses, dans la lutte nationale, de la défense de tous les exploités. Leurs luttes trouveraient une sympathie encore plus large de par le Monde.

- Le droit des peuples
Mais, nous n’attendons pas cela pour nous opposer à ces agressions et à la politique de notre impérialisme, pour exiger le retrait des troupes de la FINUL du Liban. Nous n’attendons pas cela pour dénoncer, les conférences faites au nom de l’amitié des peuples, mais qui ne sont que des entreprises d’avilissement et d’oppression des peuples. Nous soutenons le droit des peuples à recourir à la lutte armée contre leurs oppresseurs quels qu’ils soient. Et nous apportons un soutien concret et politique, aux forces progressistes et marxistes. Car ce sont elles, et elles seules, qui iront jusqu’au bout de la lutte anti-impérialiste, en la menant au nom de la lutte contre le capitalisme et pour le socialisme.

Autant dans les pays impérialistes que dans les pays dominés, ce ne sont pas les résistances qui manquent. Mais la capacité de les faire progresser en conscience et en organisation, en vue d’abattre l’exploitation et l’impérialisme. Ce qui manque, ce sont des organisations fortes de communistes, des partis, capables de mener ces luttes à leur terme. Nous ne les construirons pas chacun chez nous, dans l’isolement. Nous ne les construirons que mieux dans la solidarité internationaliste, dans nos luttes communes, contre l’impérialisme et pour le socialisme. Ainsi nous faisons vivre l’amitié et la confiance entre les peuples.

A lire dans Partisan 210 :

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