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Retrait du CPE : la jeunesse aspire à un monde nouveau
Partisan N°202 - Avril 2006
Mais qu’est-ce qu’ils veulent donc ? Jeunes des banlieues hier ? Jeunes scolarisés et étudiants aujourd’hui ? Et on reparle à nouveau du fantôme de Mai 68, ça ressemble, ça ne ressemble pas, et patati et patata… Mais ils le disent ce qu’ils veulent ; il n’y a que les sourds qui ne veulent pas entendre. Ils parlent du monde qui les rejette, de leurs rêves qui se brisent tour à tour et de la triste réalité qui les attend. Ils parlent aussi de leurs espoirs, des choses telles qu’elles devraient être… Un autre monde ?
La jeunesse aspire à un monde nouveau
DES BANLIEUES AUX BOULEVARDS, UNE CLAMEUR QUI GRANDIT ! Hier, dans les quartiers populaires (dites « banlieues », mêmes quand ils sont en centre-ville), les jeunes parlaient d’injustice, d’inégalité, de racisme… mais aussi de précarité d’existence, de manque d’avenir. Et de dresser le poing vers les politiciens qui les traitent de « racailles », vers l’Etat qui les contrôle, les matraques, les enferme. Vers cette violence quotidienne que connaisse ceux qui travaillent, ceux qui font la grève, ceux qui chôment… pour le bonheur de « ceux d’en haut », qui exploitent, oppriment et empochent. La révolte des jeunes s’additionnait aux manifs de rue, aux grèves ouvrières acharnées, au vote pour le Non du 29 mai 2005. Elle prolongeait la vague des oppositions populaires de l’année. Elle préfigurait de plus larges révoltes. Nous y sommes ! L’unité la plus large se fait justement contre la précarité, contre l’exploitation, contre l’inégalité. Contre le Contrat Première Embauche (CPE), ce contrat présenté comme la réponse positive « aux malaises des banlieues ». Le contrat première « Exploitation » rejoignant un autre contrat que le gouvernement croyait nous avoir fait avaler, le Contrat Nouvelle Embauche. Eh bien non ! L’unité de ceux « d’en bas » est de plus en plus politique contre ceux « d’en haut » et contre leur représentant au gouvernement.
La jeunesse s’élève contre la précarité, pour le bien-être et la stabilité.
Contre l’inégalité des chances, elle veut l’égalité et dénonce les privilèges.
Contre les profiteurs, la jeunesse réclame une juste répartition des biens communs.
Contre la compétition, la jeunesse active veut l’entraide et l’amitié.
Contre la concurrence, un monde violent et cruel, elle veut la coopération.
Contre l’économie avant tout, elle veut l’homme au cœur de la vie sociale.
ELLE A RAISON DE SE RÉVOLTER ! Égalité, entraide, amitié, coopération, répartition, bien-être. Ces mots résonnent dans les sentiments et dans les consciences. Les vieux phénix ressortent des tombes de l’individualisme, du chacun pour soi où on croyait les avoir définitivement enfermés. Ces mots ne font-ils pas l’essentiel d’un monde nouveau ? L’essentiel de ce qu’on appelait hier le « socialisme », le « communisme » ? Socialisme pour social, communisme pour chose commune, appartenant à tous pour le profit de tous. Hier, c’est maintenant aujourd’hui. Le communisme redevient la jeunesse du monde.
DE LA RÉSISTANCE À LA… Un refus s’exprime clairement, celui de ne plus être une « marchandise », une force de travail. Refus de n’être « qu’une variable d’ajustement » dans les mains des rois du Marché, qu’on prend et qu’on jette au grés d’une économie en folie. Les jeunes ne sont pas des objets, ce sont des être humains, futurs créateur de richesses sociales. A travers les refus, les mouvements, les explosions se forme une nouvelle conscience sociale anticapitaliste. Conscience qui désigne tour à tour les conséquences de la « dictature des marchés », de la dictature de la classe dominante (riche, puissante et qui à tous les droits). La révolte de la jeunesse exprime l’aspiration à un autre monde. L’arrivée de la jeunesse sur le terrain des luttes sociales, sa volonté affichée de lier ses luttes à celle des travailleurs (actifs ou non), ouvre de nouvelles perspectives et bouscule les routines. Elle contribue à redonner confiance à ceux qui ont été écœurés par les reculades à répétition des directions syndicales, par les trahisons de la gauche libérale. Les gens perçoivent que seul un grand mouvement d’ensemble peut résister aux attaques de ce gouvernement. La politisation croissante des manifestations n’a rien du hasard, mais tout de la nécessité de vivre. Nécessité qui se heurtent au cadre trop étroit du monde marchand, pour qui la liberté n’est que celle des patrons d’exploiter, pour qui l’égalité n’est que la loi du plus fort, pour qui la fraternité n’est que tromperie, et la démocratie une mystification parlementaire.
…RÉVOLUTION SOCIALE, ÉCONOMIQUE, CULTURELLE ! La société est mûre pour être bouleversée : la grande production en créait conditions matérielles et les aspirations populaires mènent à rompre avec le capitalisme. Le monde manque-t-il de richesse ? Non, mais celles-ci sont accaparée par une minorité. Le monde manque-t-il de dévouement, d’humanité ? Non, mais ceux-ci sont détournés au profit de quelques-uns. Ce vieux monde craque de toute part, laissant entrevoir d’autres alternatives, d’autres possibles. Un monde nouveau, des relations sociales nouvelles sont possibles.
Comment y parvenir ? Quel chemin prendre ? Comment construire dès aujourd’hui ? C’est à ces questions que les communistes marxistes-léninistes veulent répondre. Par notre « Manifeste, de la résistance à la contre-offensive », lors de notre 6e Congrès, et aujourd’hui, dans la perspective de notre prochain congrès, par l’élaboration d’un programme politique…
G. Lecoeur
