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Contre le capitalisme ou le néo-libéralisme ?

Le capitalisme est à l’offensive depuis 40 ans. Il s’attaque à ce que la classe ouvrière avait gagné de haute lutte à la Libération. Il faut dire qu’à cette époque une grande partie de la bourgeoisie avait collaboré et que des résistants se réclamant du communisme, les FTP, et ayant gardé leurs armes, voulaient construire une autre société. Le PCF a monnayé le fait de désarmer ces combattants, soit en les excluant, soit en les achetant, en les plaçant dans l’appareil d’Etat. Alors le mythe de l’Etat social, juste pour tous, a pu commencer. Des nationalisations furent lancées, qui permettaient aussi de restructurer l’appareil productif obsolète. Sous la pression de la classe ouvrière, des avancées sociales furent obtenues. C’est le rapport de force qui a permis ces avancées, ce n’est pas un cadeau des capitalistes. Nous sortions d’une guerre mondiale, les prolétaires, armés, voulaient un autre monde, mais ils n’avaient pas un parti véritablement communiste qui pouvait les guider. Alors, derrière cet Etat social, se cachait l’exploitation. Des grèves éclatèrent en 1947. Une fois que le PCF eut rempli sa tâche de faire repartir la machine économique, la bourgeoisie ne se priva pas de le mettre hors du gouvernement. Alors tout le monde regrette cette période bénie...

Depuis les années 1970, le capitalisme, voulant rétablir son taux de profit, liquide les entreprises, l’emploi, les statuts, et ce, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Depuis, les acquis ouvriers sont supprimés peu à peu, et, de plus en plus, de manière brutale.
Cette nouvelle phase est nommée libéralisme, ou néo-libéralisme. Il ne s’agit donc plus de s’attaquer au capitalisme, mais au néo-libéralisme. Ceux qui théorisent cela disent que le rôle de l’Etat recule. La preuve, il y a des privatisations partout. Alors, il faut revenir à l’Etat social qui nous protégerait tous. Cette illusion pousse certains à défendre l’idée d’un capitalisme régulé qui pourrait se réformer. Bref, un bon capitalisme comme le défend la Gauche. D’autres, comme ATTAC, le PCOF ou le NPA, pensent que c’est une étape nécessaire pour aller plus loin. Ces organisations sont nées de la critique du PCF, mais n’ont pas rompu idéologiquement avec ses théories.

Ces organisations, avec la thèse de la lutte contre le néo-libéralisme, se calent derrière la théorie du capitalisme monopoliste d’Etat (CME) du PCF, produit au début des années 1970. Relisez son livre du le CME. Dans « nationalisation et planification démocratique des investissements », on trouve une partie sur la « nationalisation du crédit », une autre sur la nationalisation des « secteurs clés industriels », et une troisième sur le « financement des investissements ». Il y est bien question du socialisme, mais comme perspective, liée au progrès technique. Et ce passage du capitalisme au socialisme était appelé « la démocratie avancée ». Derrière un formalisme marxiste, le PCF voulait occulter que, pour Marx et Lénine, la seule vraie démocratie pour les exploités, c’est la dictature du prolétariat. Les successeurs du PCF veulent l’occulter encore en nous parlant d’une nouvelle étape de lutte contre le néo-libéralisme. Ils camouflent leur opportunisme en disant qu’il faut « dépasser le néo-libéralisme », et même « l’abattre ». Certains nous parleront même de socialisme. Pour en passer par là, ils nous appelent à voter PS, ou à gauche...

Nous disons, nous, qu’il s’agit d’illusions sur l’Etat, sur sa neutralité. Que c’est toujours l’Etat qui dirige. Que s’il faut nationaliser, l’Etat nationalise. On a vu l’exemple de 1945, quand il fallait étouffer toute velléité de révolution. Après la crise des subprimes, on a vu des banques étatisées en GB, en Allemagne et ailleurs dans le monde, afin d’éviter la faillite. On a vu Sarkozy menacer de réguler, et certains intellectuels débattre afin de savoir s’il n’était pas alors de gauche. Car un libéral bourgeois peut devenir un étatiste et inversement. On a vu par exemple la gauche PC-PS liquider la sidérurgie au début des années 1980, alors qu’elle avait été élue sur un programme de nationalisations. On a vu l’Etat, que certains prétendaient disparu, réapparaître pour renflouer les banques. Avec la théorie du néo-libéralisme, on ne voit pas que l’Etat bourgeois dirige en accord avec les monopoles. De temps en temps, l’Etat doit lâcher du lest, quand la force des ouvriers se fait sentir. L’Etat, ce n’est pas : faisons du social, c’est : faisons la guerre économique.
Soutenir le PS contre le néo-libéralisme n’aide pas à la clarification. Le PS dit qu’il faut repousser l’âge de la retraite. Il n’a même plus besoin de gauchir ses positions pour recevoir le soutien de « révolutionnaires ».

La crise de surproduction a abouti à plus de crédits, de spéculation, pour relancer provisoirement la machine capitaliste. L’endettement public par le biais des aides de l’Etat aux entreprises se substitue à l’endettement privé. De nouvelles bulles financières avec des défaillances d’Etats se préparent. Partout les plans d’austérité sont mis en place par les gouvernements capitalistes de gauche, de droite ou écologistes. Il est sûr que ces gouvernements vont tenter de nous faire payer leur crise.
Nous voulons un monde sans exploitation, où une classe sociale, la classe ouvrière, prendra le pouvoir. Pour cela, la cible numéro un, c’est notre Etat. Il n’y a pas d’étape illusoire d’un Etat social, entre le néo-libéralisme et la révolution socialiste.

Valentin

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