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« Quand une société régresse, ce sont les faibles qui trinquent. Il y a un vrai danger pour la femme »

Partisan N°244 - Janvier 2011

Enquête ouvrière

En complément de l’article "Plus ou moins unis qu’avant ?"

Une quinzaine de femmes, ouvrières et employées, ont participé à l’enquête, et voici ce qui se dégage de leurs réponses.
« Les ouvriers ne savent même pas qu’ils sont ouvriers », pense une déléguée CHSCT dans une grosse entreprise. « Les prolos sont désunis, désorganisés, démotivés… aujourd’hui, on se la boucle. C’est la peur du chômage, la situation de l’emploi qui crée cela. L’endormissement, la perte de valeurs liés à l’intox, à la sur-médiatisation, tous ces outils qui empêchent de réfléchir. »

Une ouvrière de l’agro-alimentaire rejoint cette opinion, car selon elle « il y a un manque d’intérêt des ouvriers pour leurs droits : pas de temps, avec l’organisation et la pénibilité du boulot, pas de disponibilité dans leurs têtes (et la hiérarchie qui divise pour régner) ». Ainsi les divisions reposent sur « la résignation » (secteur de la confection), « le fatalisme et l’ignorance », ou encore sur le fait que « les gens ne se connaissent plus ».

L’évolution du travail vers plus de précarité, ainsi que les tensions créées par la menace du chômage, sont souvent soulignées : « Concurrence pour l’emploi, dans une zone où il y a peu de travail et beaucoup de femmes seules » ; ou encore « La précarité des contrats, après, les nanas en CDD, qu’est-ce que tu veux qu’elles l’ouvrent, elles se font dégager, alors, ça repose toujours sur les mêmes ; et le temps partiel, si tu veux cumuler deux jobs, tu es obligée d’être plus arrangeant avec le patron , sinon on te nique ».

La dénonciation de ces facteurs de divisions par les statuts différents est complétée par la situation d’étranglement économique. Une ouvrière nous dit : « Avec le surendettement, tu es esclave du travail ». Remarque très juste quand on sait que 80% des travailleurs pauvres sont des femmes !

Si la situation objective des femmes rend leur combat encore plus difficile, elles ne renoncent pas à résister. Voici un exemple parmi d’autres de mobilisation contre le sexisme : « En 2003, il y a eu une grève contre le harcèlement sexuel d’un petit chef. Celui-ci n’a pas été sanctionné, mais il s’est calmé (relativement). C’est à la suite de ce mouvement que cette ouvrière a créé avec une collègue la section syndicale ».

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