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Adel Samara : la dépendance économique de la Palestine.

Partisan N°249 - été 2011

Dans le contexte des révolutions des pays arabes, l’Etat d’Israël se voit mis au pied du mur et ne peut conserver son double jeu de façon aussi tranquille : discours pour une avancée de la paix, et action de poursuite de la colonisation de la Cisjordanie. La réconciliation du Fatah et du Hamas autour d’un projet de demande de reconnaissance de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967 est une nouvelle donne. Obama se présente en soutien à cette reconnaissance, tout en validant les exigences exorbitantes de l’Etat sioniste. Mais les peuples en mouvement font parfois évoluer la réalité et les rapports de force 100 fois plus vide que les accords internationaux bafoués.

Dans un précédent article (n° 248), Adel Samara mettait en évidence les causes majeures de la place secondaire des femmes palestiniennes sur le marché du travail. C’est la responsabilité de l’Etat sioniste, mais aussi celle des responsables palestiniens, et l’affectation des fonds provenant des ONG et des donateurs. La suite de l’article approfondit cette analyse (traduction intégrale disponible sur demande) . Nous en retraçons ici deux points importants :
1. La dépendance économique des territoires occupés, et ses conséquences.
2. Des pistes pour un changement qui permettrait à la nation palestinienne de se développer.

La dépendance économique des territoires par rapport à l’économie d’Israël est l’un des facteurs qui expliquent la place secondaire des femmes sur le marché du travail, et l’on a compris que l’agriculture était l’un des secteurs où elles pourraient avoir un rôle important, mais…
Mais ce secteur est sous la dépendance de l’économie israélienne, en particulier du point de vue commercial. Le marché palestinien est formellement ouvert aux produits israéliens depuis que l’autorité palestinienne a stoppé le boycott, conformément aux accords d’Oslo, ce qui facilite aussi la contrebande. A l’inverse, le marché israélien est bien protégé contre les produits de Cisjordanie, en particulier agricoles. La conséquence en est un prix unique pour la majorité des produits de base, car la fixation est établie soit par Israël, soit par d’autres pays en accord avec ce dernier.

Ainsi, les prix sont identiques dans les deux entités, mais pas les salaires !

Le revenu moyen est de 2400 en Israël, contre 1200 en Cisjordanie.
En outre, Adel Samara dénonce le fait que la régression du secteur agricole au sein de l’économie palestinienne soit acceptée par l’Autorité palestinienne qui considère à tort ce secteur comme « additionnel » (et développe surtout la bureaucratie et les secteurs informels). Selon lui, ceci est une erreur grave pour les raisons suivantes : le pays a besoin de sécurité alimentaire ; la disponibilité de main-d’œuvre (chômeurs actuels) trouverait ici un emploi ; la qualité (souvent médiocre) de produits israéliens d’importation, serait meilleure avec la production locale. Enfin, il y a un enjeu et un devoir national dans la culture des terres afin de s’opposer à la confiscation pratiquée par l’Etat sioniste (en perpétuel développement avec l’extension des colonies).
Si l’économie palestinienne était indépendante de celle d’Israël, les prix seraient plus bas, au moins parce que la Cisjordanie serait libre d’importer d’autres produits, sans compter que la société pourrait aussi développer des normes de valeur d’échange différentes et moins dépendre des lois de l’économie mondiale. Ceci a été l’expérience de la première intifada.
Cette leçon d’économie politique nous rappelle qu’il est nécessaire d’avoir une vision matérialiste. L’autonomie réelle d’un pays, au-delà des proclamations symboliques, passe par la maîtrise de son économie.
B.C.

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