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Nous sommes maoïstes !

Partisan N°224 - Janvier 2009

Au stage VP-Partisan de l’été 2008, une demi-journée était consacrée à la question « C’est quoi, le maoïsme ? ». Le comité de rédaction a demandé aux camarades qui avaient préparé ces débats de répondre à la question.
Le maoïsme, c’est…

La révolution chinoise demeure pour beaucoup une grande inconnue dans l’histoire du mouvement révolutionnaire. Au mieux on n’en sait pas grand-chose, au pire elle est caricaturée par la bourgeoisie comme une lutte de clans, ou par les trotskystes, comme une « déviation » farfelue du marxisme. Pourtant, nous nous en réclamons et considérons cette expérience (qui a duré plus de vingt ans) comme riche d’acquis politiques et théoriques pour lutter aujourd’hui. Ces acquis sont pour nous l’état le plus avancé de la théorie marxiste. Dans le monde c’est bien le maoïsme qui guide aujourd’hui les processus révolutionnaires, comme au Népal, par exemple.

La révolution chinoise débute en 1949, avec la prise du pouvoir

La révolution chinoise débute en 1949, avec la prise du pouvoir par le Parti communiste chinois après la guerre anti-impérialiste contre le Japon et le Kuomintang (parti des réactionnaires lié aux propriétaires fonciers). La Chine est un pays largement dominé par le féodalisme, et souffrant de famines. Les communistes lancent une réforme agraire, développent des communes populaires et l’industrialisation. Leur autre grande préoccupation est l’éducation populaire et politique des masses. Leur politique se base sur la mobilisation des masses à travers de grandes campagnes, c’est un premier aspect qui nous intéresse. Il y a là les prémisses d’une critique constructive de la révolution russe. En effet, ce n’est pas le parti qui fait la révolution, mais les masses ; sans elles, pas d’avancée vers le communisme. C’est donc par leur mobilisation, leur éducation, et dans la vitalité du mouvement de masse (communes populaires, conseils d’usines, etc.) que réside la source du pouvoir révolutionnaire.

Confrontés aux difficultés concrètes de la construction du socialisme, un premier bilan s’impose :

Le mouvement révolutionnaire s’essouffle et la collectivisation révèle des erreurs. Comme en URSS, une nouvelle bourgeoisie se reconstitue dans le parti, sur la base d’inégalités entre dirigeants et dirigés, et à cause de la fusion du parti et de l’Etat. Les communistes chinois comprennent alors des choses essentielles sur la nature du socialisme et critiquent la conception de Staline. Cela aboutit à une rupture (dite sino-soviétique) en 1964, scission qui traverse toujours le mouvement communiste international.
Ce que théorisent les maoïstes chinois c’est qu’il faut mettre la politique (le projet communiste) au poste de commande et non l’économie. Il ne suffit pas de développer la production, pour faire changer les rapports de production. Dans une société incomplètement transformée, l’économie repose toujours sur les inégalités antérieures, il faut donc lutter continuellement. C’est l’évolution de ces rapports qui permet de juger si la révolution avance vers le communisme.

Cette ligne n’est pas alors partagée par tous, notamment par les cadres du parti qui se sont octroyés des privilèges et sont favorables au salaire au rendement, à la propriété individuelle, etc. Ces luttes politiques sont le reflet, dans le parti, de la lutte de classe qui continue dans la société.


Les communistes autour de Mao vont tenter de contrecarrer le développement d’une ligne de restauration du capitalisme et d’une bureaucratisation

Pour cela ils vont lancer en 1966, une grande campagne de mobilisation des masses, la Grande révolution culturelle prolétarienne.
La révolution culturelle est une nouvelle révolution mais dans les conditions du socialisme, dont l’issue est de savoir qui va diriger la société demain, les communistes ou les capitalistes.
Il s’agit d’implanter plus largement les idées révolutionnaires dans la vie sociale, et de destituer les responsables pourris, jusqu’aux plus hauts niveaux du parti et de l’Etat. D’où un des slogans de Mao, « feu sur le quartier général ». Il s’agit d’une critique large des directions, de la réforme de l’éducation, de la politisation de la jeunesse (gardes rouges), et d’une direction plus collective des usines par les ouvriers (où les soviétiques mettaient en avant la compétence des cadres et des experts). Les masses ont été encouragées à s’organiser, à s’exprimer (sous forme de journaux muraux, les dazibaos).

La révolution culturelle dure trois ans (66-69) avec une intense mobilisation des jeunes puis des ouvriers, et une politisation. Les épisodes en sont complexes, des affrontements violents ont lieu. Ceux qui sont visés, les révisionnistes, ont tout fait par la saboter...
Elle n’aura permis de ressourcer la dictature du prolétariat que partiellement, et dès la mort de Mao en 1976 d’anciens dirigeants destitués, comme Deng Xiaoping, reviennent au pouvoir et répriment dans le sang les maoïstes.

La révolution culturelle a une portée universelle

Les problèmes qu’elle a résolus ne sont pas propres à la Chine, mais sont ceux du mouvement ouvrier contemporain. Elle montre que l’échec des révolutions et la restauration d’un pouvoir bourgeois ne sont pas des fatalités. Elle nous indique des tâches dès aujourd’hui dans la façon même de construire le parti et dans la nécessaire compréhension des expériences passées.

Des militants VP

Quelques outils politiques du maoïsme

Le maoïsme, c’est mettre la politique au poste de commande

C’est l’objectif à long terme, le communisme qui doit guider la politique d’aujourd’hui dans tous ces aspects. Par exemple, pour que le prolétariat puisse abattre l’exploitation dans tous ces fondements, il doit construire un parti sur la base de ses intérêts (qui sont ceux des plus exploités, donc de l’humanité toute entière) et diriger ce parti.

Le maoïsme, c’est aussi faire de la politique autrement

C’est appliquer la ligne de masse, c’est-à-dire s’appuyer sur les idées justes au sein du prolétariat pour les amener vers un niveau de conscience plus haut, en combattant les idées fausses (comme le chauvinisme, le sexisme, les illusions réformistes, etc.) ; c’est apprendre des exploités et des luttes et être modestes. Il n’y a pas d’organisation ni de dirigeants qui sachent tout et ne se trompent jamais ! C’est pourquoi il est important de faire des bilans de la politique que l’on mène, savoir s’autocritiquer pour rectifier les erreurs et avancer.
De même, il est indispensable de se former, de débattre, car cela permet de s’orienter par soi-même dans la lutte des classes et, dès maintenant, de s’atteler à réduire les inégalités entre dirigeants et dirigés, en premier lieu dans le parti que nous voulons construire.

Il est bien difficile de résumer autant de richesse, et ces idées passent parfois pour des formules toutes faites, car elles ne peuvent se comprendre réellement que dans une pratique politique.
Alors, si vous voulez en savoir plus, au lieu de lire le petit livre rouge, venez en discuter avec nous !

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