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Les prolétaires responsables ?

Partisan N°235 - Février 2010

Dans un récent article du journal Le Monde (12 décembre), B. Fay et S. Reynaud, auteurs d’un ouvrage dénonciateur de notre mode de consommation irresponsable, « No low cost », procèdent à une démonstration captivante :
L’asperge produite « in China » coûte 4 fois moins cher que celle des rives méditerranéennes. C’est pourquoi les importations par la France de produits alimentaires chinois ont augmenté de 44% en 2 ans. Même chose pour d’autres produits low cost tels que la tomate marocaine d’Agadir, qui toutefois entraîne l’assèchement des nappes phréatiques.
Ainsi, dénoncent les auteurs, « pour répondre à nos besoins, les entreprises ont délocalisé et tant pis si cette production à bas coût est polluante parce qu’elle pollue loin ». Et de conclure : « Le consommateur à bas coût est le premier responsable du réchauffement climatique ».

Si l’on ne peut qu’accepter le constat, l’angle d’attaque de la dénonciation mérite débat ! La plupart des consommateurs ne sont-ils pas d’abord producteurs ? Et les producteurs les plus modestes, les ouvriers et prolétaires, peuvent-ils « consommer éthique », avoir un regard moral sur le prix du caddie, quand on sait qu’avec le blocage des salaires et la multiplication des travailleurs pauvres, le nombre des ménages qui n’arrive pas à boucler le mois est en augmentation constante ? Alors, tout en prenant en compte l’analyse d’un circuit mondial d’échange des produits très inégal entre les pays du Nord et ceux du Sud, nous disons tout simplement qu’il ne faut pas oublier qui décide dans les pays capitalistes, qui profite, quelles monstrueuses différences de consommation existent entre les classes sociales.

Décider demain de lutter efficacement contre le « mirage du low cost », cela implique avant tout que les producteurs s’unissent contre les parasites et profiteurs pour définir les véritables besoins humains à notre époque ; pour organiser la production, la répartition, et des mécanismes d’échange qui tiennent compte également des impératifs écologiques majeurs. Seule une société qui produirait pour les besoins et non pour les profits renverserait la vapeur.
B.C. 

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