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Contre les fascistes, contre les attaques du capital ! Ni front républicain, ni union nationale ! Indépendance de classe et révolution !
Partisan N°267 - été 2013
Ils ont tué Clément, militant syndicaliste et antifasciste, et l’enfant de Leila agressée à Argenteuil, parce que musulmane. Depuis 1970, la liste de leurs victimes, femmes, homos, militants et ouvriers immigrés, est longue, en dépit des dissolutions et de l’indignation des partis de la bourgeoisie, du FN à la Gauche. Les fascistes renaissent du terreau capitaliste. De sa crise et du chômage, bien sûr. Mais ils trouvent une légitimation de leur discours raciste et d’exclusion dans les solutions économiques et sociales, ainsi que dans les justifications politiques que ces partis proposent pour « faire face à cette crise ».
Les politiques bourgeoises alimentent la réaction
Les fascistes ont été encouragés par la vague réactionnaire qui a monté contre le « mariage pour tous ». Mais leur nationalisme et leur racisme sont les excroissances criminelles des politiques d’Etat qui disent protéger « les Français » des « invasions étrangères » en expulsant les sans-papiers ou les Roms, en désignant l’étranger, le musulman, comme des menaces. Comme l’UMP, le PS, et même le Front de Gauche, ils affirment défendre « la nation », « son industrie », son « identité ».
Bien sûr, ils ne proposent pas les mêmes solutions. Mais combien de fois a-t-on entendu dire par des politiciens de « gauche » que le FN posait « les bonnes questions », mettait le doigt « sur les vrais problèmes », que « la France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde », pour se démarquer ensuite des réponses trop brutales de l’extrême droite. Les « républicains » ne jettent pas les immigrés à la Seine comme les fascistes. Ils les expulsent, les emprisonnent dans des centres de rétention, les précarisent à l’extrême par le refus des papiers et de l’égalité de tous les droits. Ils verrouillent les frontières. Les immigrés ne se noient pas dans la Seine, mais loin en Méditerranée.
Les groupes fascistes sont l’excès criminel et caricatural de ce qui fait le quotidien de la politique bourgeoise, de l’ « union nationale », c’est-à-dire l’union des Français contre les menaces extérieures, du chauvinisme, et de la collaboration de classe qui appelle les travailleurs à accepter des sacrifices pour sauver l’industrie française, en fait la prospérité de nos exploiteurs.
Le PS attaque plus fort que Sarkozy
En 1936, Léon Blum, président du Conseil (premier ministre) du Front populaire, avait dit « gérer honnêtement le capitalisme ». Hollande gère lui aussi le capitalisme, c’est-à-dire conformément aux intérêts de la bourgeoisie. Il ne trouve rien à redire à la fermeture de l’usine PSA Aulnay, comme à celle de beaucoup d’autres. Il a fait voter l’ANI. Il se félicite des accords de compétitivité chez Renault, Bosch et demain PSA. Il refuse l’amnistie des ouvriers sanctionnés pénalement dans les luttes. Il ne cède pas au Medef, il partage avec lui la défense des intérêts de la bourgeoisie.
Bien entendu, le PS et d’autres à gauche voudraient un capitalisme plus « humain ». Mais en temps de crise, plus de marge pour les réformes. Alors ils prennent « honnêtement » les mesures pour sauver le capitalisme en nous écrasant toujours plus : réforme du marché du travail, réforme des retraites, des système de santé, blocage des salaires dans le public et le privé, dégrèvements fiscaux pour les entreprises, expéditions militaires pour préserver les approvisionnements français en pétrole et uranium. Hollande, c’est Sarkozy en plus dur, car la situation du capitalisme l’impose.
Les réformistes ne sont pas nos alliés inconséquents, ou des « traîtres ». Ils ont toujours été dans l’ « autre camp ». Ils n’ont pas trahi notre classe, mais les illusions de beaucoup de travailleurs. Défenseurs du capitalisme, ils se plient au pouvoir de ceux qui sont maîtres de l’économie.
Le Front républicain, front des exploiteurs
Colère parmi nous, comme en 1983 sous Mitterrand, comme sous Jospin en 2002. Colère, mais aussi fatalisme et parfois abattement, malgré les luttes, comme celle exceptionnelle des ouvriers d’Aulnay. Comme dans les années 1980, en 2002, ou à Villeneuve-sur-Lot, il faut s’attendre aux prochaines élections à plus d’abstention populaire et à une poussée FN parmi les votants. Alors, face à la « menace de l’extrême droite », la gauche, voire une partie de l’extrême-gauche, appellera, pour faire barrage « au fascisme », à constituer un « front républicain »… Mais en quoi les appels à voter pour Chirac de la LCR et du PCF en 2002 ont-il fait barrage au racisme, au nationalisme extrême ?
Le Front républicain, le front de toute la gauche (PS et FdG) derrière l’UMP, n’est pas le front des démocrates contre le fascisme. C’est le front de ceux qui nous attaquent tous les jours dans nos droits politiques, économiques et sociaux et qui se font alors une virginité dans la lutte contre « l’extrémisme ». Mais les mêmes raflent et expulsent nos camarades immigrés et les Roms, organisent le flicage des citoyens au prétexte de nous protéger. En février 2013, ils ont invité la Ligue de défense juive (LDJ), organisation fasciste notoire, interdite aux USA et en Israël, à un débat sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale placé sous le « haut patronage » de Bartelone, son président PS.
Front de Gauche ou construction de notre indépendance de classe ?
Alors, faut-il compter sur le Front de Gauche ? Faut-il croire qu’avec un courage politique dont manquerait Hollande et avec une 6e République, nous pourrions en finir avec nos galères quotidiennes de travailleurs et de travailleuses, de chômeurs -ses, de précaires, d’immigrés-ées, de sans-papiers ? En finirait-on avec la suffisance des bourgeois dont le système est en crise mais qui savent si bien individuellement s’en tirer, contournant la loi et le fisc s’il le faut ?
Mélenchon donne à ses discours beaucoup de force. Il sait capter la confiance, agiter le drapeau rouge de la classe ouvrière dans les plis du tricolore, celui de la bourgeoisie. Il critique l’ANI, les réformes à venir sur la Sécu et la santé. C’est bien et juste. Mais souvenons-nous du PS d’avant l’élection. Ne chantait-il pas la même chanson ? Si l’on gratte le verni radical, les différences sont-elles si profondes entre les partis de la gauche ? Défense de la nation et des interventions militaires françaises en Libye, au Mali, en Syrie. Défense de son industrie, entre autres d’armement, comme Mélenchon qui a salué la promesse d’achat du « Rafale » par l’Inde… Au gouvernement il ne ferait guère autre chose que Hollande, parce que pour briser le pouvoir économique et politique de la bourgeoisie, il faut autre chose qu’une 6e ou 7e république. Il faut une révolution, qui s’attaque à son pouvoir économique en l’expropriant et en instaurant le pouvoir des prolétaires, leur « dictature ».
Pas de révolution sans crise révolutionnaire, pas de révolution sans parti révolutionnaire. La première condition ne dépend pas immédiatement de nous, par contre la seconde nous devons la préparer dès maintenant, dans les batailles contre le gouvernement PS et la bourgeoisie :
Contre les licenciements et le chantage à l’emploi des patrons qui nous demandent de sacrifier nos conditions de vie pour le maintien d’un emploi incertain, avec les encouragements du PS.
Pour conserver le droit à la retraite avant d’avoir été complètement usés, ce que conteste ce gouvernement qui trouve normal que vivant plus longtemps, on parte plus tard.
Pour la régularisation de tous les sans-papiers qui se sont constitués en Union nationale, et vont engager de nouvelles initiatives à l’automne.
Contre la pénalisation de la solidarité avec les peuples en lutte, avec celle du peuple palestinien, le PS voulant faire un délit de l’antisionisme assimilé par lui à l’antisémitisme.
Pour la solidarité de classe des prolétaires, contre la stigmatisation des musulmans, pour légalité de tous les droits entre français et immigrés, hommes et femmes.
Construire un tel parti, un parti communiste, porteur des aspirations des Communards de 1871, des ouvriers russes de 1917, des travailleurs et de la jeunesse chinoise de la révolution culturelle, c’est faire vivre, contre les réformistes, les principes que l’Internationale de Eugène Pottier nous rappelle : "Il n’est pas de sauveurs suprêmes, Ni Dieu, ni César, ni Tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !"