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Aubervilliers refuse les rythmes scolaires de Peillon

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En début d’année 2013, à l’annonce de la réforme des rythmes scolaires par le ministre de l’éducation nationale, la mairie d’Aubervilliers a annoncé sa volonté de mettre en place cette réforme dés la rentrée 2013. Le 5 juin le texte de Peillon a été voté par l’Assemblée nationale avec le soutien des groupes parlementaires socialistes, Front de gauche, radicaux et écologistes. La mairie a donc demandé aux conseils d’écoles qui réunissent les enseignants et les parents d’élèves élus, de se prononcer sur trois modalités d’emploi du temps. Sur les 33 écoles de la ville, la réponse a été « non », motivée par des réflexions concernant les difficultés que rencontreraient les enseignants dans le cadre de leurs missions d’enseignement, sachant que nombreux d’entre eux s’étaient prononcé pour une abrogation de cette réforme. Pourquoi ? Parce que cette réforme ne remettait pas en cause les 3 heures d’enseignements enlevées par le gouvernement précédent, qu’elle ne prenait pas en compte les difficultés soulignées depuis des années par les enseignants des régions les plus en difficulté, qu’elle mettait en difficulté des municipalités qui n’avait pas les moyens de mettre en place ou de développer des activités péri-scolaires, qu’elle ne remettait pas en cause la réécriture alourdie et réactionnaire des programmes par ses prédécesseurs et surtout , pour certains syndicats tel que la CGT éduc’action, SUD éducation et FO, le projet éducatif du territoire (PEDT) stipule que le territoire doit élaborer un projet éducatif pour les enfants de son territoire et que les enseignants devraient suivre. ET oui !!! Fin de la liberté pédagogique, fin du caractère national de l’enseignement, c’est la municipalité qui choisit sur quoi nous devons travailler. Je vous laisse imaginer le pire !
La mairie a donc invité tous les intervenants de l’école, parents, enseignants , animateurs afin de présenter un quatrième emploi du temps qui a fait hurler les deux salles de la mairie remplies de 400 personnes. Les écoles se voyaient séparées en écoles A et B avec des horaires échelonnées du type : écoles A sortie du lundi à14h30, le mardi 16h00, le mercredi 11h30, le jeudi 14h30 et le vendredi 16h00. Et l’inverse pour les écoles B.
L’objectif de cette organisation : mettre en place des activités péri-scolaires à 14h30 deux fois par semaine pour chaque école en n’utilisant qu’une seule équipe d’animation et d’associations.
Jusqu’au mois de juillet, les enseignants et les parents ont émis des réserves quant à ce dispositif, faisant une liste commune de toutes les difficultés que poserait cette mise en place aussi bien pour les enseignants spécialisés comme ceux du RASED (réseau d’aide aux élèves en difficulté) ou les CLIN (classe d’intégration pour les non francophones) que pour les animateurs, les personnels de service et les parents ayants des enfants dans plusieurs écoles. Des actions ont été menées jusqu’au mois de juillet et pour seule réponse, le maire socialiste s’est vanté d’avoir prit sa décision seul contre son conseil municipal et contre l’avis de tous les groupes scolaires « pour que cette question ne soit pas un enjeu aux élections municipales de 2014 » !!! On a le droit de rire I ! La démocratie bourgeoise c’est aussi ça !
Rentrée de septembre 2013, toutes les inquiétudes listées par les parents, les enseignants au mois de juin sont là et même pire.
Les enfants sont fatigués à 3 semaines de la rentrée, les animateurs épuisés, débordés doivent connaitre en un temps record près de 700 enfants contre une centaine dans leurs missions ordinaires de centre de loisirs. Les animateurs embauchés en contrat avenir pour le péri-scolaire n’ont toujours pas signé leur contrat de travail, les ATSEM ont vu leur emploi du temps augmenté et leurs mission changée, sans aucune négociation : elles passent d’aide à l’enseignement à animatrice à partir de 14h30 sans revalorisation de salaire bien entendu.
Alors que la municipalité, à son arrivée avait baissé les subventions de toutes les associations, mettant en faillite certaines d’entre elles, aujourd’hui, elle fait appel à une multitude d’associations parisiennes ou de la ville montées pas leurs proches, avec des intitulés incertains comme « l’association des chats errants ». Les enfants se plaignent de ne pas avoir choisit leur activités, d’être fatigués en rentrant à la maison et de ne pas pouvoir apprendre leurs leçons ensuite.

 

Les enseignants se plaignent de ne pas pourvoir travailler avec les élèves trop fatigués, de temps d’apprentissage plus long que les années précédentes...
Les responsabilités concernant les élèves est flou, il n’y a pas assez de locaux dans la ville, les enfants font jusqu’à 40 minutes de marche aller/retour pour une activité de 40 minutes. De plus, les activités sont inégales : judo et karaté pour les enfants de centre ville, balle aux prisonnier et jeux de carte pour les enfants en périphérie de la ville. Vous avez dit Lutte de classe ! ! ! !
Le 26 et 27 septembre, les animateurs ont débuté une grève pour protester contre leurs conditions de travail. Le jeudi 3 octobre, les enseignants, à la base, se sont mobilisés sans attendre les appels des syndicats départementaux : 95% de grévistes avec une audience en mairie de parents, d’enseignants, d’animateurs, de personnels de services, avec tous les médias. Une centaine de personnes entre dans la mairie plus de 300 restants à l’extérieur. Seule réponse du maire entouré de sa cour : demander plus d’implication de l’éducation nationale pour participer au péri-scolaire et quémander des sous dans les ministères, tout en fustigeant ces enseignants qui ne veulent pas prêter leur classe. Classes que les animateurs ne veulent pas forcément d’ailleurs. Suite à une assemblée générale de ville le même jour à 18h30, le réfectoire de l’école Robespierre était plein. A 20h00, les parents décident d’occuper les écoles pour protester contre la réforme, contre la fatigue de leurs enfants, contre le mépris du maire Jacques SALVATOR. Le vendredi 4 octobre, 15 écoles de la ville ont été occupés par les parents avec un rassemblement devant la mairie avec les animateurs de la ville.
La mairie, depuis le début de cette histoire tente de diviser les différents intervenants refusant de les rencontrer ensemble. Le 3 octobre, le rapport de force a obligé le maire à tous nous recevoir : face aux huées, aux cris, le maire est resté dans ces positions affirmant sur toutes les chaines de télés qu’il fallait donner plus de temps à ce dispositif, que les enseignants étaient responsables de cette désorganisation, que son projet restait excellent. Le maire a tenté de diviser le mouvement en accordant aux animateurs des promesses d’augmentation des effectifs, mais les parents crient au scandale « nos enfants ne sont pas des cobayes ! ». Samedi 5 octobre, à l’inauguration du nouveau conservatoire de la ville, environ 200 personnes étaient présentes pour manifester contre les rythmes scolaires avec sifflets et casseroles comme à toutes les mobilisations depuis le début du mouvement.
Aujourd’hui, l’état de la mobilisation doit s’amplifier. Des discussions se font partout sur la ville, sur le marché, à la piscine, dans les squares, tous les administrés sont inquiets, tous les personnels de mairies qui travaillent dans les structures de sport, de loisirs voient leurs conditions de travail changer, se détériorer.
Mardi 8 octobre, une nouvelle assemblée générale de ville est organisée afin de parler des suites du mouvement, des mots d’ordre commun. Une nouvelle journée commune de grève est en rassemblant enseignants, atsem et personnels de service et le soutien des parents.

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