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Le peuple Rrom, ou les nouveaux damnés de la terre

Partisan N°269 - Novembre 2013

Les Rroms sont le peuple le plus méprisé et opprimé d’Europe. Ce mépris s’accompagne d’une ignorance de leur origine et de leur histoire. Les Rroms sont un peuple nomade venu du nord de l’Inde au 15e siècle. Après avoir traversé le Moyen-Orient, ils sont arrivés et se sont dispersés en Europe. D’ailleurs leur langue est proche de celles aujourd’hui parlées en Inde.
Dans les sociétés médiévales déjà, les Rroms étaient méprisés, accusés de sorcellerie, de manger les enfants. Mais ils avaient une place socio-économique très utile, surtout en Europe centrale : celle d’assurer les activités itinérantes que les autres couches sociales de la société, entravées par le régime féodal dans leurs déplacements, ne pouvaient assurer. Gitans, Manouches, Tziganes de nationalité française et Rroms d’Europe centrale partagent cette origine, même si ces différents groupes ont chacun développé une culture propre en se séparant ensuite. La plupart des Rroms étrangers présents aujourd’hui en France viennent de Roumanie. Dans ce pays, les Rroms étaient réduits en état de quasi-esclavage jusq’au début du 19e siècle.
Avec la disparition du régime féodal et le développement du capitalisme, les Rroms perdent leur rôle économique réservé. Pendant la Seconde guerre mondiale, ils sont comme les Juifs victimes d’un génocide perpétré par les Nazis. Près de 200 000 mourront assassinés, soit un quart de leur population en Europe.
Après la guerre, sous les régimes prétendument socialistes d’Europe de l’Est, quasiment tous deviennent salariés des entreprises d’Etat. Mais ils sont relégués aux travaux les plus durs et les plus ingrats, en fait comme les travailleurs maliens en France. Dans les années 1990, ils sont les premiers licenciés lors des restructurations économiques. C’est à cette époque qu’ils tombent dans la misère la plus révoltante. Ils se regroupent dans des ghettos comme ceux où vivaient les Juifs. Au début des années 1990, ils sont victimes de vrais pogroms en Roumanie : meurtres collectifs, villages brûlés... Ce sont les plus pauvres d’entre eux qui viennent aujourd’hui en France.
Les Rroms ne sont donc pas des parasites congénitaux. Si beaucoup de Rroms d’Europe de l’Est sont, en France, contraints de vivre de combines et de petits délits, c’est qu’ils ont été exclus, en tant que groupe, des rapports sociaux capitalistes, et mis à l’écart de la société à force d’oppression. Le racisme violent qui les vise n’est qu’une facette du racisme en général. Il doit être combattu comme les autres. La société capitaliste génère la fragmentation sociale et le chacun pour soi : pour briser l’isolement social des Rroms, il faut changer les rapports sociaux dans toute la société. Il faut soutenir leur auto-détermination en tant que minorité opprimée, tout en construisant une solidarité entre eux et le reste du peuple.

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