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Rapide histoire du Portugal
Partisan N°273 - Avril 2014
Le Portugal est, au fil des siècles, passé du statut de puissance mondiale, centre d’un immense empire, à celui de pays dominé de la périphérie européenne. A partir du 15e siècle, la monarchie portugaise se taille un empire commercial et colonial en Amérique, en Afrique et en Asie. L’échange inégal, la surexploitation des peuples colonisés dans les mines d’or et d’argent qui a conduit au génocide des Amérindiens, lui ont permis d’accumuler une immense richesse monétaire, qui, comme en Espagne à la même époque, a permis d’entretenir de très larges couches sociales aristocratiques et bureaucratiques rentières. Vautrées dans leur parasitisme, ces couches n’ont jamais vraiment cherché à moderniser les structures sociales et économiques de leurs pays : l’exploitation très profitable des colonies ne leur en a pas fait ressentir le besoin. Contrairement à la France ou à la Grande-Bretagne, elles n’ont pas eu besoin de développer les rapports de production capitalistes dans leur pays pour entretenir leur parasitisme. L’or et l’argent des Amériques était gaspillé en achetant des produits manufacturés aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, qui, eux, en ont profité pour développer leur capitalisme national.
Ainsi, le Portugal s’enfonce dans ses archaïsmes, et est petit à petit rétrogradé dans le classement des puissances mondiales. A la fin du 18e siècle, le pays devient un quasi-protectorat britannique. Tout le long du 19e siècle, les fractions modernisatrice et réactionnaire des classes dominantes s’affrontent, sans qu’aucune n’arrive réellement à prendre le dessus. La monarchie est renversée en 1910, mais la nouvelle république reste fragile. Un coup d’Etat militaire réactionnaire accouche du régime de Salazar en 1926. Celui-ci porte à peu près la même idéologie que le régime de Vichy plus tard en France. Salazar tente de restaurer les attributs de la grandeur portugaise. A l’heure où toutes les autres puissances impérialistes accordent l’indépendance formelle à leurs colonies, le Portugal s’y refuse obstinément. Mais il échoue à contrer les mouvements de libération en Angola, Guinée et au Mozambique, et par ailleurs le sous-développement du pays dresse la population contre le régime. Celui-ci sera finalement renversé par la révolution de 1974.
En rentrant dans l’Union européenne, le pays est passé sous la domination des impérialismes d’Europe du Nord. Ce sont les mêmes mécanismes qui ont mené aux crises au Portugal et en Grèce : ruine de l’industrie locale, dépendance aux crédits extérieurs... Plusieurs centaines de milliers de Portugais avaient quitté le pays des années 1960 aux années 1990. Avec la crise économique et les attaques contre leurs droits sociaux, l’émigration portugaise a redémarré ces dernières années. L’Europe n’est qu’un mirage néfaste, au Portugal comme ailleurs...