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Dans les mobilisations, construire la voie révolutionnaire !

- Le mouvement contre la loi El Khomri se poursuit malgré les vacances scolaires. Manifestations lycéennes, étudiantes ou rassemblements syndicaux, elles sont aujourd’hui complétées par les rassemblements « Nuit Debout » qui essaiment dans toutes les villes de France.
Malheureusement, force est de constater qu’il ne parvient pas vraiment à prendre de l’ampleur, même s’il y a toujours du monde. En particulier il n’apparaît pas, pour l’instant, de secteur d’avant-garde qui tire le mouvement vers l’avant, comme les transports en 1995, les étudiants lors du CPE en 2006, ou les raffineries en 2010. Il y a le souvenir des échecs passés qui pèse (le mouvement sur les retraites de 2010 en particulier), une forme de fatalisme et de résignation avec le PS au gouvernement et la peur que ce soit « encore pire » en 2017. A cela s’ajoute une dépolitisation certaine des nouvelles générations, qu’elles soient dans les universités ou dans les entreprises.
Enfin, une grande confusion sur la compréhension de la situation actuelle (la crise, les restructurations), le rejet des explications simplistes proposées par les réformistes (« de l’argent il y en a dans les coffres du Panama ») qui ne passent plus, sans pour autant qu’une autre perspective se dessine nettement…
Bref, le caractère dominant de la période actuelle est une forte effervescence illustration de la révolte accumulée, accompagnée d’une grande confusion sur le chemin à suivre qui empêche le mouvement de prendre l’ampleur nécessaire pour atteindre ses objectifs.
Les semaines qui vont suivre diront si le mouvement ouvrier et populaire parviendra à surmonter ces limites pour aller de l’avant – personne bien sûr n’est devin – mais les doutes sont là.

- Après un démarrage très fort pour le 9 mars, les structures centrales de la CGT ont fait le même constat, mais ont décidé d’attendre désormais que ça se passe, et la Confédération gère le suivi au minimum, avec comme seule perspective la grève du 28 avril, puis le 1er mai. Gageons que le Congrès Confédéral qui commence le 18 avril va être animé sur la question !
Au lieu de démultiplier les initiatives dans tous les recoins du pays, tous les quartiers, toutes les entreprises pour expliquer les enjeux de la loi, la CGT est piégée dans les limites de son réformisme qui l’empêchent d’imaginer un autre monde qu’un « capitalisme à visage humain » auquel plus personne ne croit…

- Les « Nuits debout » se multiplient sous une forme assez anarchique qui regroupe le pire et le meilleur selon les endroits, avec des débat tous azimuts – parfois riches –. Nous partageons l’importance de leur développement en banlieue et dans les villes et quartiers populaires, à l’instar de StDenis, tout en refusant leur mise sous contrôle par les réformistes comme le PC est en train de le tenter. Ce sont pour l’instant des lieux de débats, hétéroclites, et dont l’avenir est plus qu’incertain. Mais à nous de tenter de proposer avec tous nos militants, sympathisants et celles et ceux qui partagent nos choix, des débats essentiels sur le capitalisme et sa faillite, qu’elle soit économique (Panama Papers), sociale (sans-papiers, chômage, précarité, souffrance au travail, logement…), écologique (NDDL, Fessenheim, Bure, gaz de schistes…) ou militaire (ventes d’armes, interventions en Afrique, en Syrie ou ailleurs…).
Soyons néanmoins lucides : ces rencontres supposées autogestionnaires se prêtent à toutes les manipulations conscientes ou non. Rappelons-nous qu’elles ont ouvert la porte aux réformistes à la sauce Podemos dans l’État espagnol, qui négocie aujourd’hui avec le PSOE. Ou encore les tentatives d’infiltrations, bien que limitées, de courants réactionnaires et conspirationnistes (comme les partisans d’Etienne Chouard ou autres).

- De son côté le gouvernement joue la répression et la division. La stratégie est de taper très fort pour faire peur. Lock out des facs, fermetures des lycées. Chaque manif est désormais l’occasion d’une répression féroce, les vidéos tournent en boucle sur les réseaux sociaux, on a même vu le retour des voltigeurs, ces sinistres flics en motos créés par Pasqua, ceux qui ont provoqué la mort de Malik Oussekine en 1986…
Face à cette répression, l’heure n’est pas à la riposte toujours croissante, à l’affrontement physique avec les forces de l’ordre comme projet politique sans autre perspective. C’est sans issue dans le rapport de forces actuel et ne mènera nulle part. L’heure est à la guérilla politique et sociale pour construire notre camp et notre quartier général.

- Les mots d’ordres que l’OCML Voie Prolétarienne a avancés se sont révélés justes : Unité étudiants travailleurs contre la précarité capitaliste, Nous ne sommes pas de la chair à patrons, De cette société-là on n’en veut pas, Marre de subir, décidons de notre avenir, révolution, voilà un « kit » de mots d’ordre qui fait sens, directement lié aux préoccupations du mouvement en cours et qui trace une perspective.
Ils restent au cœur de notre activité, avec comme enjeu de regrouper tous ces jeunes (ou moins jeunes) qui découvrent au travers la lutte politique et sociale toutes les questions qu’ils portent sans forcément en mesurer la portée.

- L’heure n’est pas à s’épuiser le jour dans les manifs, la nuit dans les rassemblements festifs (ce qui aboutit d’ailleurs à faire déserter les AG étudiantes par exemple). Il faut choisir ses moments pour taper fort, organiser, préparer l’avenir. L’heure est la politique, il y a une forte attente, confuse, beaucoup de questions dans tous les sens, que l’on voit dans les manifestations ou certains rassemblements « Debout ». L’heure est donc à multiplier des rencontres, avec des lycéens, des étudiants, avec des travailleurs dans les entreprises, avec les habitants dans les quartiers, pour comprendre ce qui se passe, pour expliquer la faillite de ce « système » capitaliste et les impasses des propositions réformistes, qu’elles soient électoralistes (présidentielles en vue !) ou « alternatives »…

L’heure est à poursuivre la mobilisation, continuer à consolider les acquis gagnés dans la lutte.
L’heure est à faire de la politique. Mais une politique réellement révolutionnaire. Qui rompt résolument avec toutes les variantes réformistes.
L’heure est à regrouper, construire notre quartier général, le parti. Celui des ouvriers et des prolétaires, des exploités.

Voilà la tâche du moment, pour tous nos camarades, tous nos sympathisants isolés ici ou là, toutes celles et ceux qui aspirent à en finir avec la catastrophe qu’est le capitalisme !

Bulletin Partisan de Mai 2016
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