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Pour l’unité des prolétaires avec les paysans, c’est l’agro-industrie toxique du capitalisme qu’il faut remettre en cause !

Déclaration 1er février 2024

Il n’y a pas que les prolétaires qui soient envoyés au chômage et dans la misère, les agriculteurs aussi passent à la moulinette des restructurations. L’agriculture française est une agriculture industrielle, chimique, capitaliste, exportatrice. Elle est contrôlée par des grandes groupes agro-industriels souvent déguisés en « coopératives » comme Elle et Vire et d’autres. Cette agro-industrie fonctionne selon les règles de la production capitaliste : recherche du profit, concentration, mécanisation... C’est bien la concurrence qui est le moteur des restructurations du monde agricole.

Ce monde subit aujourd’hui une crise fruit de plusieurs facteurs qui s’additionnent : sécheresses dans le Sud, difficultés dans le Bio et les vignobles, concurrence des productions ukrainiennes qui font chuter les cours mondiaux du blé, de la volaille, du sucre. Et l’inflation qui limite le pouvoir d’achat des prolétaires : on mange moins de viande devenue hors de prix, et le Bio devient inaccessible…

A travers les opérations de blocage d’autoroute et de déversement de fumier, les capitalistes de l’agro-business manipulent la détresse et la colère des petits agriculteurs en détresse. La FNSEA, présenté comme un « syndicat paysan », est en réalité une organisation contrôlée par ces grands capitalistes. Son président, Arnaud Rousseau, a fait une école de commerce, possède 700 hectares de cultures industrielles, 7 sociétés, et est surtout le président de la société mère des huiles Lesieur et Puget.
Cela explique en partie l’indulgence de Darmanin face aux dégradations commises : il s’agit après tout d’un mouvement sous contrôle, à la tête duquel on trouve des interlocuteurs « responsables » qui ne cherchent qu’à assurer leur place dans le système capitaliste-impérialiste sans souhaiter sa remise en cause une seule seconde. Ces agriculteurs appartiennent souvent aux notabilités rurales, votent conservateurs et les modes de scrutin leurs offrent une influence politique démesurée. Ce ne sont pas des Gilets-jaunes.

Les agriculteurs forment un groupe social hétéroclite, allant du petit éleveur de vaches laitières qui dégage péniblement quelques centaines d’euros par mois, étranglé par sa banque et sa « coopérative », au grand céréaliers de la Beauce vivant dans un hôtel particulier du 16e arrondissement à l’aise sur les marchés mondiaux. Mais ils sont en fait peu nombreux : il ne reste plus que 380 000 agriculteurs en France, plus 250 000 ouvriers agricoles salariés – qui n’ont pas voix au chapitre !

La FNSEA loin de défendre l’avenir des petits paysans, a toujours creusé leur tombe en accompagnant et encourageant les politiques de restructurations agricoles depuis la Seconde Guerre Mondiale. C’est la fraction de l’agro-industrie impérialiste parfaitement intégrée au marché mondial, à la concurrence, qui veut pouvoir empoisonner comme elle l’entend, pomper en toute liberté les nappes phréatiques, supprimer toutes les règles environnementales, construire des méga-élevages, tout en continuer à moissonner le maximum de primes de l’Union Européenne.
La Coordination Rurale, créée dans le Sud-Ouest souvent par d’anciens rapatriés d’Algérie, est la fraction la plus réactionnaire de la paysannerie, assez proche du Front National. Dans le même modèle réactionnaire et libéral que la FNSEA, ce sont les perdants de la guerre économique mondialisée, et donc les plus hargneux pour défendre à n’importe quel prix leur survie, alors que le capitalisme les a voués à la disparition.
La Confédération Paysanne regroupe la fraction de la paysannerie qui critique explicitement le modèle d’accumulation agro-chimique de l’impérialisme actuel. Ils cherchent donc les failles dans le modèle hyperconcentré pour revenir à une petite production agricole de qualité, désintensifiée, bio ou pas mais avec le minimum de chimie, avec des labels et une proximité leur permettant d’avoir des revenus suffisants pour survivre. Mais ils n’échappent pas non plus à la concurrence capitaliste mondialisée, à la pression des industriels et de la distribution, ce qui explique leur engagement aujourd’hui, mais sans partager les revendications de la FNSEA : ils mettent avant tout l’accent sur le revenu agricole des paysans.

A l’origine du conflit actuel, les contradictions avec la grande distribution en période d’inflation et de hausse des prix, donc de baisse des achats. Contradictions entre divers secteurs du capitalisme français qui chacun veut récupérer les plus grosses marges pour lui. Viennent se greffer les revendications pour « supprimer les règles », toujours plus de libéralisme dans la concurrence mondialisée, et la défense d’une prétendue « souveraineté alimentaire » qui n’est que la défense protectionniste face aux concurrents mondiaux d’Amérique du Sud ou de Nouvelle Zélande, alors que l’agro-industrie impérialiste française est largement exportatrice sur les marchés mondiaux. On est exactement dans la configuration du MEDEF face au gouvernement pour ce qui est de l’industrie…

C’est vrai, les agriculteurs sont légitimement en colère contre un système capitaliste prédateur sans pitié qui les pousse à la faillite. Mais la solution ne réside pas dans la fuite en avant réactionnaire, dans le saccage de la nature, dans le quémandage d’aides publiques, dans l’illusion protectionniste. Il est dans la lutte de classe, dans l’union des petits agriculteurs avec les prolétaires, pour une agriculture respectueuse de l’environnement, une alimentation saine, le refus du jeu de la concurrence et la rupture avec les intérêts de l’agro-industrie et de la grande-distribution. Cela n’est possible qu’en en finissant avec ce système capitaliste-impérialiste !

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