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Solidaire, la grève de 2003 contre la réforme des retraites

Un camarade nous envoie le texte qu’il a fait dans son syndicat à propos de l’Union Syndicale Solidaire et les retraites en 2007. Ce texte n’a pas perdu de son actualité, et permet de débattre sur le rôle de SUD, mouche du coche des confédérations ou embryons d’un véritable syndicat de lutte de classe ? Etre représentatif comme l’écrit la direction de Solidaire est-ce la clef de la victoire ? Dans la lutte des sans-papiers, où Solidaire est actif, sa ligne politique se démarque difficilement des confédérations. L’appel à la lutte ne camoufle t-il pas un manque de stratégie ? Pourquoi Solidaire ne dénonce pas publiquement les stratégies des temps forts des confédérations ? La ligne de Solidaire la conduit à être suiviste de l’électoralisme. Des manques que des camarades critiquent, le débat est ouvert.

Dans son bilan d’activité lors du 3ème congrès de Décembre 2004, l’Union Syndicale Solidaire (USS) écrit sur le sujet :

« Nous n’avons pas pu mettre en œuvre notre orientation, construire une réelle grève reconductible (…) cela doit nous amener à réfléchir sur nos faiblesses. Exclus du champ syndical institutionnel, nous n’avons pas réussi par nos propres forces à en bousculer les orientations. (des autre organisations) Comme les autres organisations syndicales nous n’avons pu faire autrement que de nous inscrire globalement dans les journées de temps fort décidées par la CGT, même si nous avons essayé d’articuler ces appels avec notre proposition de construire un mouvement de grève générale. Nous avons proposé que ces temps forts puissent à la fois permettre un élargissement du mouvement et puissent être un appui pour démarrer la grève reconductible dans les secteurs qui n’étaient pas encore dedans.
La défaite sur les retraites a pesé lourd sur la suite et en particulier sur le dossier de l’assurance maladie. »

Il est bien entendu pour tout le monde aujourd’hui que l’échec du mouvement contre la réforme des retraites est imputable à la stratégie choisie et imposée par la CGT, c’est à dire la stratégie des temps forts. Il était bien évident que la CGT ne voulait absolument pas d’un mouvement de grève reconductible, d’une grève de masse, qui risquait de lui échapper et de « dégénérer » sur d’autres points sensibles : les salaires, l’emploi ; les conditions de travail et la précarité. En tant qu’organisation faisant partie du « champ syndical institutionnel », la CGT devait remplir ses engagements vis à vis de la bourgeoisie et du patronat, c’est à dire faire semblant d’organiser la lutte et envoyer les grévistes « la gueule dans le mur ». L’autre versant de ce « champ syndical institutionnel », en l’occurrence la CFDT, se chargeait elle du sale boulot en signant un accord pourri avec Raffarin. Quant à FO, après moult tergiversations, elle appelait à la grève générale lors du meeting d’enterrement du mouvement à Marseille, le 30 juin ! Oui, vraiment, ces organisations ont bien mérité du patronat et de la bourgeoisie ; Oui, elles sont bien à leur place dans ce fameux « champ syndical institutionnel », véritable chien de garde des intérêts de la classe ennemie et honnie !

Et l’USS ? et bien l’USS nous explique dans le paragraphe reproduit ci-dessus, que si elle n’a pas réussi à rendre audible son appel à la grève générale, c’est précisemment parce qu’elle ne faisait pas partie de ce « champ syndical institutionnel » !

L’USS, a jusqu’au bout appelé les travailleurs à se joindre aux temps forts, y compris lorsqu’il devenait évident au fil des semaines, que cela relevait d’une stratégie d’épuisement et d’essorage des forces vives en lutte, et que la perspective de grève générale était hors de portée.

Le courage politique le plus élémentaire consistait à ce moment là à dénoncer cette stratégie, à prendre le « champ syndical institutionnel » à rebrousse poil en dénonçant sa collusion avec le pouvoir, en cessant de se joindre aux « temps forts » jusqu ‘au bout et en expliquant pourquoi.
Evidemment, cela aurait sérieusement hypothéqué l’entrée désirée dans le « champ », c’est à dire en fait la reconnaissance et la « représentativité » de l’USS par ses pairs et par les institutions.

Alors oui, la défaite sur les retraites a « pesé lourd sur la suite » et toutes les organisations, représentatives ou pas, en portent la responsabilité. Enfin, l’USS n’explique pas en quoi ses appels à la grève générale eûssent été mieux entendus si elle avait fait partie du club, en quoi elle eût pu bousculer les orientations de la CGT .

On peut légitimement penser qu’à l’inverse, liée par le deal qui lui aurait la représentativité, elle n’eût pas mieux fait que ses congénères confédérées.
A Sud, nous n’avons pas agi différemment et nous avons aussi notre part de culpabilité. Le débat sur la tactique n’a jamais eû lieu, mais peut être a-t-il été considéré qu’il n’avait pas lieu d’être, les explications de l’USS pouvant peut être paraître satisfaisantes au plus grand nombre des Camarades, puisque ne l’oublions pas, la Fédération Sud PTT est une des composantes de l’USS.

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