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Crise du capitalisme et démocratie
Partisan N°253 - Février 2012
C’est la crise, et pour la surmonter, la bourgeoisie doit employer la manière forte : les « démocraties » révèlent leur vrai visage, celui de régimes politiques au service des capitalistes.
En Grèce, la proposition de référendum avancée (avant d’être retirée) par l’ancien premier ministre Papandreou est jugée « dangereuse ». Depuis, un nouveau gouvernement est en place, qui associe le parti d’extrême-droite LAOS. Les nécessités de la crise ont contraint les mafias politiques qui se disputent et partagent le pouvoir depuis des décennies à s’unir derrière une « gouvernement d’union nationale » confié à un technocrate, Loukás Papadímos, ancien gouverneur de la banque de Grèce et ancien vice-président de la Banque centrale européenne. Les bourgeoisies impérialistes européennes et la bourgeoisie grecque ont toléré le clientélisme et la corruption des « clans » Papandréou et Karamanlis qui dirigent la Grèce depuis des décennies, tant qu’ils servaient leur intérêts. Le nouveau premier ministre a été nommé quasiment directement par les bailleurs de fonds de l’État grec.
En Italie, Berlusconi a été éjecté après avoir été Président du Conseil (nom du premier ministre en Italie) à trois reprises depuis 1994, soutenu à chaque fois par son parti et ses alliés malgré les nombreuses scandales politiques, financiers, et sexuels qui l’ont touché. Il est remplacé par Mario Monti, considéré comme un « technicien », soutenu lui aussi par quasiment tous les partis du parlement. Silvio Berlusconi (lui-même grand capitaliste) avait été propulsé au gouvernement pour prendre le relais d’un système politique décrédibilisé par les scandales politiques qu’a connus l’Italie au début des années 1990. Finalement, il a été lâché par les députés de son parti, qui lui ont retiré leur soutien sous la pression directe du patronat italien.
Le pouvoir cru de la bourgeoisie
Que voit-on ? Face à la crise, la bourgeoisie reprend les choses en main. Elle exige des partis politiques bourgeois, des plus réformistes aux plus réactionnaires, qu’ils resserrent les rangs dans un gouvernement d’ « union nationale ». Même chose que lors de la Première guerre mondiale. Elle exige que les politiciens professionnels laissent leurs poste à des techniciens, à leurs fonctionnaires compétents, pour mener leur politique à bien, en dépassant les clivages dans son camp. D’un coup, tout devient clair : les différents courants politiques au Parlement ne sont au fond tous que des serviteurs de la bourgeoisie, chargés d’appliquer son programme. On entend que les « marchés financiers », voir les « agences de notation », auraient renverser les précédents gouvernements dans ces deux pays. Rendre responsable les « marchés financiers », ça ne veut rien dire, et les agences de notation, c’est ridicule. Mais ce ne sont pas les marchés financiers ou des petits groupes de pression qui changent les gouvernements ; c’est la bourgeoisie, la classe qui dirige dans cette société.
Tout le pouvoir aux ouvriers et ouvrières !
Alors, nous, communistes, prolétaires, devons-nous exiger le « respect de la démocratie » ? Nous exigeons que la bourgeoisie respectent nos droits démocratiques : notre liberté d’expression, d’organisation, de mouvement, etc. Mais sous le régime actuel, la démocratie est fictive : nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie. Dictature « soft », car tant qu’elle n’est pas menacée, la bourgeoisie tolère notre activité communiste (même si elle nous garde à l’œil avec ses organes de répression). Elle présente cette tolérance comme preuve de son caractère démocratique. Mais on a bien vu dans l’Histoire que lorsque la bourgeoisie se sent menacée, elle n’hésite pas à commettre les pires horreurs pour se maintenir au pouvoir lorsque le peuple le menace. À notre époque, l’heure est à la prise du pouvoir par la classe ouvrière, et pas à se contenter d’un régime politique bourgeois plus démocratique. L’heure est à la dictature du prolétariat, construite sur la base du pouvoir des conseils ouvriers, un nouvel État, décentralisé mais solide, où les prolétaires auraient tous les droits et les bourgeois aucun.
Axel
