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Le loto ne fera pas notre bonheur !

Les jeux de hasard et d’argent n’ont fait que se multiplier sur tous les supports, dernièrement par l’ouverture à la concurrence sur internet. Ils sont passés dans les pratiques quotidiennes de beaucoup de travailleurs : de petites sommes aux paris qui bouffent toute une partie de la paie, sans compter les heures prises sur le temps libre, les loisirs, la vie collective. En France, 2 personnes sur 3 jouent au moins une fois par an, 20% jouent régulièrement dans les trois grandes branches de cette économie parasitaire : casinos, PMU, Française des jeux (FdJ). Celle-ci est présente dans 37 600 points de vente, 1 pour 1727 habitants. Les nouveaux produits, soutenus par la propagande commerciale et les campagnes de promotion, élargissent l’exploitation d’un marché partagé entre quelques opérateurs. Même avec l’aggravation de la crise capitaliste, les ouvriers sont sur-représentés parmi les parieurs.

Un marché juteux... pour le capital et l’État à son service

Si peu d’études sont faites sur le sujet, elles confirment cette loi : plus il y a de joueurs « responsables », plus il y a de joueurs « pathologiques ». Le jeu d’argent serait la cause du sur-endettement, de dépressions, de suicides même, chez 1 à 3 % de la population totale d’Amérique du Nord. Il faut dire que le secteur est exceptionnellement profitable : pour les groupes maffieux des casinos, une machine à sous dégage 15 fois son prix d’achat chaque année. Comparée à celle de l’hôtellerie, la rentabilité du secteur est de 3 à 5 fois supérieure.
Mais comme le rappelle un rapport parlementaire, le premier gagnant de cet impôt volontaire est d’abord l’État puisqu’il est « le premier servi... et copieusement ! » (1). Depuis le 16ème siècle, le jeu d’argent est une activité illicite sauf dérogation... que l’État s’accorde en premier. La FdJ, par exemple, est une société anonyme mais 72% de son capital lui appartient, il nomme ses dirigeants et contrôle jusqu’aux nouveaux produits.

Voulez-vous « devenir plus riche que riche » ?

Même s’il n’y a qu’une chance sur 76 millions de gagner à l’Euro Millions, jouer c’est d’abord espérer ne plus devoir retourner à un boulot qui nous crève, commencer à choisir réellement ce qu’on fera dans la vie. Pourtant, une enquête avec des grands gagnants révèle que la décision d’arrêter de bosser n’est pas si facile : cela implique de rompre avec sa vie d’avant, ses collègues, peut-être sa famille ou ses amis. De sortir de sa classe par la richesse, mais sans pouvoir intégrer complètement la bourgeoisie qui se défend contre ces nouveaux venus et manifeste une domination à travers toutes ses formes. Des gagnants ouvriers se disent « divisés de l’intérieur », obligés de faire « comme si ». « On n’arrive plus à retrouver notre identité d’avant le gain », dit un jeune couple, « on n’est pas d’accord avec ce qu’on est » (2). Le monde promis par la FdJ n’a rien d’un rêve pour qui échappe, grâce au hasard, à l’exploitation au quotidien : en sortir soi-même mais sans transformer ce système, et devenir un profiteur par le retour sur investissement des gains ?!

Pour changer vraiment !

Dans les enjeux du moment, le sujet paraîtrait banal. Mais, pour s’orienter dans la lutte de classes et pour que notre classe prenne l’initiative historique, une vision claire de ce que nous voulons est nécessaire : une alternative à opposer à la crise actuelle. Entre l’esclavage capitaliste et la fuite illusoire devant cette réalité, il y a une autre voie, celle des prolétaires : la lutte pour reprendre le contrôle de nos vies. Parce qu’on en a marre des transports à rallonge, marre d’être pris pour des moins que rien, marre de la discipline de la production décidée par d’autres, marre de fatiguer notre intelligence aux tâches répétitives, marre des loisirs envahis par les rapaces du capitalisme et du manque de temps. C’est toute la société qu’il faut changer pour que notre travail serve les besoins populaires et nos capacités de création et de coopération, pour profiter pleinement du temps libéré de l’exploitation !
Alors ce week-end, gardez votre mise pour acheter le prochain numéro de Partisan, prendre un moment pour débattre avec les camarades de VP, et vous organiser pour construire le parti communiste dont nous avons besoin !

 

Militant VP Lyon

 


- (1) Commission des finances du Sénat, Les jeux de hasard et d’argent en France (2002)
- (2) Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Les millionnaires de la chance. Rêve et réalité (2010)

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