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Pierre Tevanian, La République du mépris

Partisan N°258 - été 2012

(La Découverte, 2007, 10€)

Animateur du collectif « Les mots sont importants », Pierre Tevanian livre en 2007 une critique incisive et toujours d’actualité du racisme, enraciné dans la forme d’Etat mise en place par la bourgeoisie : la République. A ceux qui continuent de brandir comme un mythe les principes républicains pour défendre les libertés et l’égalité, Tevanian leur dit : « Voyez les faits concrets ! ». Ce sont bien des républicains qui ont célébré et organisé hier l’oppression coloniale (Jules Ferry), qui aujourd’hui organisent une répression spéciale contre les migrants, la préférence nationale dans l’emploi ou les droits politiques, une propagande chauvine pour la « grandeur de la France ».
L’intérêt de ce livre est de traquer les discours et pratiques racistes précisément sous les habits qui le déguisent le mieux : le féminisme d’Etat et gaulois - la laïcité répressive et sacrée - l’identité nationale qui interdit aux exploités de raconter leur propre histoire - la liberté d’expression où l’on a le droit de dire tout et n’importe quoi... surtout s’il s’agit des masses populaires et des enfants de migrants des pays exploités par la France impérialiste. Où l’on verra que la gauche républicaine (Mélenchon, PCF) comme les trotskystes ne résistent pas au consensus chauvin lorsque le personnel politique, massivement blanc, machiste et bourgeois, si soucieux de défendre le drapeau bleu-blanc-rouge, part en guerre contre ses ennemis intérieurs au nom de la démocratie... forcément française.
La République du mépris est un outil de lutte idéologique pour les militants de notre classe, le prolétariat multinational. On pourra lui reprocher de passer sous silence toute la tradition révolutionnaire et internationaliste, la critique de Marx et Lénine du fétichisme et du nationalisme. Enfin, d’en rester à mi-chemin et de ne pas déboucher sur une cible positive, la construction de l’unité de lutte de la classe. Le constat de l’auteur intéressera pourtant tous les militants révolutionnaires : ce racisme d’Etat dont il démonte avec soin les arguments n’est pas seulement une campagne de division ou de diversion sur le terrain des idées, il relève d’une lutte politique pour renforcer l’exploitation d’une partie du peuple et garantir l’ordre bourgeois qui nous opprime tous.

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