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Méthanisation - La question c’est : qui décide ?

Partisan N°258 - été 2012

Le SYCTOM, syndicat régional chargé du traitement des ordures ménagères pour 84 communes d’Ile-de-France, a décidé de construire à Romainville (93) la plus grosse usine d’Europe de méthanisation sur tri mécano-biologique.

En deux mots, la méthanisation, c’est la transformation des déchets organiques en biogaz et en compost pour l’agriculture. Jusque-là tout va bien : on produit de l’énergie et nos déchets retournent à la terre ; le rêve écologique. Juste deux petits inconvénients : le premier, c’est que la méthanisation, ça pue. Ca pue même très fort, mais à la campagne, loin des habitations, c’est pas pire que du fumier. Le second, c’est que le méthane, ça explose de temps en temps. Au fin fond de la Normandie, c’est un risque raisonnable. A Romainville, à moins de 100 m des premières habitations et entreprises, c’est de l’AZF en puissance.

Et puis, sur le plan écologique, c’est complètement déconnant, du fait que les ordures ménagères ne sont pas triées à la source, et que tri mécano-biologique ou pas, on n’a jamais réussi à trier une feuille de salade du vernis ou de la peinture qui avaient été balancés dessus. Et du coup, le soi-di sant compost finit à la déchetterie. Et le biogaz, d’ailleurs de très mauvaise qualité, est principalement utilisé pour faire tourner l’énorme machinerie que nécessite le tri. Débile, non ?

Toutes les usines du même type qui existent déjà pourrissent la vie des riverains, en fonctionnent que par à-coup entre deux pannes, quand elles n’ont pas été détruites par explosion ou incendie. Aucun agriculteur n’accepte le soi-disant compost chargé de verre, de plastic et de métaux lourds qu’elles produisent. Et puis le pire, peut-être, c’est que la vraie solution au traitement des déchets, c’est le tri à la source. Et le fait de dire aux gens « pas de problème, ce sera trié mécano-biologiquement à l’arrivée », c’est précisément une incitation à ne pas faire ce tri. On va même jusqu’à re-mélanger à l’arrivée à l’usine des ordures qui avaient été triées au départ. Une aberration écologique. Seulement voilà : le tri à la source, ça demande une démarche citoyenne et ça ne rapporte pas de profit. Tandis qu’une usine à gaz de 400 millions d’euros, ça coûte au contribuable, certes, mais ça rapporte beaucoup au trust qui la construit et qui la fait fonctionner. Et aux « décideurs » irresponsables qui touchent de grasses enveloppes s’ils réussissent à imposer à la population cette monstruosité qui va leur pourrir la vie.

Alors devinez qui sont les « décideurs irresponsables » ? Le décideur irresponsable en chef s’appelle Dagnaud. Il est conseiller municipal PS de Paris. Il est appuyé par toutes les mairies PS du secteur, mais aussi par celles qui sont encore tenues par le Front de Gauche. Ils ont fait passer le projet en catimini, sans jamais consulter ni informer la population. Détail amusant : ce sont les municipalités de droite qui, pour des raisons purement électoralistes, s’opposent au projet. Le marché a été conclu avec URBASER, un concurrent de Véolia et de Suez – qui n’auraient sans doute pas fait mieux -, une entreprise mafieuse liée à l’Opus Dei... Le tout en parfaite connaissance de cause. Vous avez dit changement ? La question, c’est : qui décide de notre vie ?

Un militant VP

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