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Croissance et redressement productif

Partisan N°258 - été 2012

Michel Sapin, à peine nommé ministre du Travail, a annoncé que le sujet de la « flexibilité » serait bien à l’ordre du jour du sommet social de juillet. Il pourrait bien y avoir un rapport étroit entre cette flexibilité et la « croissance ».

Il suffit de REGARDER DU CÔTÉ DE L’ESPAGNE ET DE L’ITALIE, comme le fait le journal de LO du 11 mai. Les homologues de Hollande, Mario Monti en Italie et Mariano Rajoy en Espagne, sont à fond pour la croissance. Selon Monti, « le principal obstacle à celle-ci est l’article 18 du Statut des travailleurs les protégeant contre le licenciement. Et d’engager, avec la complicité des directions syndicales, une réforme du marché du travail censée inciter les entreprises à embaucher... du moment qu’elles pourraient licencier sans entrave. »

En Espagne, « Rajoy répète que, s’il multiplie les mesures antisociales, c’est pour permettre à l’économie de retrouver la croissance. La réforme de la législation du travail, qui permet au patronat de licencier plus facilement et de systématiser les contrats temporaires, devrait permettre selon lui de relancer l’emploi. »

Le comble, c’est qu’en France, les directions syndicales ont préparé le terrain de ce genre de politique ; en réclamant une « sécurité sociale professionnelle » (la CGT) *, une « sécurisation des parcours professionnels » (la CFDT). Le gouvernement y ajoutera une réforme des systèmes de formation, consacrée prioritairement aux (futurs) licenciés, et une facilitation du chômage partiel. Et serait ainsi réalisée, sous le drapeau de la « croissance », la grande revendication actuelle des « marchés » : une libéralisation du marché du travail.

UNE VIDÉO a été visionnée 100 000 fois en trois jours, c’est l’interview du « chief economist » d’une filiale du Crédit Agricole, dans son bureau de La Défense. Interview réalisée par une équipe de Fakir, publiée dans ce journal de mai-juillet 2012, et en vidéo sur le site des Mutins de Pangée. Voici le paragraphe essentiel du texte de 9 pages qui a valu à ce « chief economist » d’être interviewé : « François Hollande va avoir à naviguer… il serait politiquement intelligent que ses pairs de l’Eurozone, ses partenaires allemands, belges, italiens et ainsi de suite, permettent à François Hollande de prétendre qu’il leur a arraché quelques concessions, même si c’est faux en réalité. La demande de renégociation du traité serait alors utilisée pour tromper le public français, en lui faisant accepter des réformes convenables, dont celle du marché du travail. »

L’interview, qui commente ce texte, est un vrai délice, car c’est de l’écoute directe en territoire ennemi. Un ennemi qui, en mars déjà, faisait confiance à Hollande pour « tromper » les travailleurs !

 

MC

 

* Voir notre blog Ouvalacgt, 8 juin 2011

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