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Où est le vrai pouvoir ?

Partisan N°264 - Avril 2013

La continuité extraordinaire entre Sarkozy et Hollande, leur obéissance aux « marchés », ou la Belgique sans gouvernement, pendant un an et demi, autant de faits qui posent la même question :

Pourquoi la Belgique a continué à tourner sans gouvernement, y compris l’Etat ? Parce que les ministères changent, les chefs de cabinets et tous les ronds-de-cuir des ministères restent. Et quand un nouveau gouvernement arrive et fait voter de nouvelles lois, c’est « que tout change pour que rien ne change ». Ce sont des « réformes », voire des mesurettes...
Le Sénat, par exemple, n’a qu’un rôle consultatif. Et si le PCF peut y faire basculer la majorité entre l’UMP et le PS, ça ne sert à rien ! Le pouvoir serait-il à l’Elysée ? Il y a effectivement quelque chose de plus du côté de la Présidence.

Un groupe d’hommes armés

L’Etat, nous rappelait Lénine dans « L’Etat et la révolution », est d’abord un groupement d’hommes en armes. Le Président est d’abord celui qui a les codes des bombes nucléaires. Les ministères régaliens par excellence sont ceux de la Défense et de l’Intérieur. L’Etat avant tout est le bras armé du Capital. Pour ajouter des flics dans des « zones prioritaires » (des quartiers populaires), défendre militairement un Etat bourgeois en Afrique (dans un pays dominé), l’Etat agit. On n’est plus dans les paroles théatrales et sans conséquence face aux spéculateurs et aux paradis fiscaux, face à Mittal ou PSA...

Au service des « marchés »

L’Etat a aussi un rôle économique important. Il sauve les banques, il aide les patrons de l’automobile, il organise la sécurisation des licenciements. Que nous dit Hollande depuis son élection ? Qu’il faut « rassurer les marchés », c’est-à-dire les capitalistes. Qu’il faut rembourser la dette de l’Etat, c’est-à-dire assurer la fortune des spéculateurs. Etre plus compétitifs, c’est-à-dire écraser encore plus les travailleurs pour gagner dans la guerre économique. Le vrai pouvoir est donc du côté des « marchés » ?

Mais le capitalisme, c’est l’anarchie !

Le pouvoir est centralisation et décision. Or le capitalisme, c’est le « chacun pour soi », la concurrence, y compris entre ouvriers d’ailleurs. L’économie mondiale est une véritable foire d’empoigne, une jungle digne du « règne animal », disait Engels (1), une guerre perpétuelle de tous contre tous. C’est une machine folle que personne ne dirige, et qui nous mène droit dans le mur.
Mais en même temps, c’est une classe sociale prête à toutes les magouilles et à tous les crimes pour conserver ses privilèges.

Où est notre ennemi ?

Le premier obstacle, c’est le pouvoir politique, et le premier changement, c’est le remplacement du « groupe d’hommes en armes » de la bourgeoisie pour celui du prolétariat. Toute l’histoire confirme cette vérité.
Le deuxième obstacle, c’est le pouvoir économique. S’emparer du savoir et apprendre à gérer démocratiquement est beaucoup plus long et plus difficile que de s’emparer des armes. La lutte des classes y sera aussi acharnée.
Le rôle des réformistes, Front de Gauche et autres, est de nous maintenir dans le système bourgeois, celui des élections et celui de la délégation (« Votez pour moi et je m’en occupe »). Or, pour que la vie des travailleurs change, il faut qu’ils prennent le pouvoir. Il faut la mobilisation de la masse puissante de tous les exploités.

 

Hugo V.

 

(1) Friedrich Engels, Anti-Dühring, Notions théoriques.
- Lire le cahier n° 2 de la plate-forme politique de VP : Changer le monde, Dictature du prolétariat, Révolution mondiale.

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