Vous êtes dans la rubrique > Archives > Livre : La guerre au Mali

Livre : La guerre au Mali

Ce livre était proposé au stage de VP. Je l’ai acheté, je l’ai lu, et je le recommande. Il ne raconte pas la guerre au Mali, son sous-titre en indique mieux le contenu : « Comprendre la crise au Sahel et au Sahara, Enjeux et zones d’ombre ». Il sera évidemment plus utile aux camarades qui ne sont pas d’origine malienne ou africaine. Mais il rappelle à tous que l’intervention impérialiste militaire au Mali, initiée par le pouvoir PS, relève d’un shéma du XXIe siècle identique à celui de Georges Bush en Irak.
Huit auteurs, huit chapitres, ce qui donne une impression non d’éclatement mais de tableau d’ensemble : « 50 ans de tensions dans la zone sahélo-saharienne ; le nouveau « grand jeu » des puissances occidentales ; pourquoi la France est-elle intervenue ? ; quelques traits du Mali en crise ; l’armée malienne ; la question touarègue ; le jeu trouble du régime algérien ; enjeux humanitaires... ». Le chapitre le plus remarquable, à mes yeux, est le 4, « quelques traits du Mali ». On y apprend quelques mots, yuruguyurugu par exemple (magouille, trafic, arrangement). Mais surtout on y comprend comment fonctionnent la société et l’Etat, débrouillardise vitale pour les pauvres, parasitisme exploiteur pour les puissants.
On comprend tout ce qu’il y a derrière les groupes islamistes radicaux et les prises d’otages. Le pétrole, le gaz et l’uranium, bien sûr, mais aussi le terreau des misères et des injustices, et des acteurs souvent déterminants : les services secrets, en particulier algériens.
Même si le dernier chapitre semble mal conclure, sur les enjeux humanitaires, il vous apprend que « les pays sahéliens ont des capacités de production, notamment agricoles, supérieures à leurs stricts besoins » et que le problème relève de « l’organisation actuelle ». Ou que les « observations de l’évolution des récoltes par satellite » ne sont pas diffusées pour éviter « d’avertir les spéculateurs », ce qui aurait « des répercussions néfastes pour les populations » !
Pour trouver de vrais motifs d’espoir, il faut savoir glaner des éléments épars évoquant la lutte des classes : crise révolutionnaire en Algérie en 1988-91, au Mali en 1991, dans les pays arabes en 2011, crise politique au Mali en 2012. En conjuguant les luttes démocratiques (Touaregs, Berbères, Sahraouis), la lutte contre tous les impéralismes, en premier lieu l’impérialisme français, et les luttes économiques et sociales, dépasser le « moindre mal » réformiste, les divisions de type racial, construire enfin un vrai changement révolutionnaire : nos universitaires ne vont pas jusque-là, ils décrivent la situation existante.

 

La guerre au Mali, Michel Galy (dir.), La Découverte, 15 €.

Soutenir par un don